Étude française sur le Dépakine et les risques pour le fœtus
Une nouvelle étude française met en lumière l’impact du valproate pris par les futurs pères, doublant le risque de troubles intellectuels chez l’enfant, même en l’absence de traitement maternel
Le valproate de sodium, molécule à la base du médicament antiépileptique Dépakine, peut perturber le développement d’un enfant s’il est pris par le père dans les mois précédant la conception, conclut une vaste étude menée en France. Il y a « un risque accru de troubles neuro-développementaux (TND) chez l’enfant » après une « exposition paternelle au valproate pendant la période de conception ».

Risques et conséquences du traitement
Les résultats montrent une augmentation globale de 24 % du risque de TND chez les enfants de père traité par valproate au moment de la conception. Plus spécifiquement, le risque de troubles du développement intellectuel apparait doublé chez les enfants exposés, tandis que le lien est moins clair avec d’autres troubles comme ceux de l’attention ou du langage.
Le valproate est la molécule de la Dépakine, un traitement antiépileptique connu pour ses dangers lorsqu'il est pris par une femme enceinte. Chez l'enfant exposé pendant la grossesse, le traitement peut entraîner des malformations et des troubles du développement comme l'autisme ou des retards cognitifs. Un risque potentiel a également été identifié en cas de prise par les futurs pères, en raison des effets de la molécule sur le processus de fabrication des spermatozoïdes. ## Étude de l'Agence européenne du médicament
En 2023, l'Agence européenne du médicament (EMA) a émis des inquiétudes quant à un possible risque de troubles du développement chez l'enfant, sur la base d'une étude menée dans des pays scandinaves. Cependant, elle a mentionné que la méthodologie utilisée était insuffisante pour confirmer cet effet.
Restriction de la prescription de Dépakine
Plusieurs pays ont décidé de limiter la prescription de Dépakine aux futurs pères. En France, depuis 2025, seuls les neurologues, psychiatres et pédiatres sont autorisés à initier ce traitement chez les hommes susceptibles d'avoir un enfant.
Résultats de l'étude menée par Epi-Phare
Une étude menée par Epi-Phare a permis d'obtenir des informations plus précises en examinant près de trois millions de naissances entre 2010 et 2015. Selon cette étude, le risque potentiel de troubles du développement semble moins fréquent lorsque le traitement est pris par le père plutôt que par la mère. Cependant, les conséquences pour l'enfant restent potentiellement graves, selon le directeur médical de l'ANSM, Philippe Vella. Il souligne que dans le cas de l'épilepsie, l'arrêt brutal du traitement peut être très préjudiciable et recommande un dialogue entre le patient et son médecin s'il envisage d'avoir un enfant sans recourir au valproate.
