Condamnation de douze ex-militaires en Colombie
Un tribunal colombien a condamné pour la première fois douze ex-militaires pour la disparition et le meurtre de civils pendant le conflit armé qui a duré plus de 60 ans dans le pays. Ces individus, dont deux ex-colonels, ont été reconnus coupables de 135 homicides et disparitions forcées entre 2002 et 2005 sur la côte Caraïbe de la Colombie.
Peines alternatives à la prison

Les condamnés ont été sanctionnés à des peines alternatives à la prison, conformément aux normes de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) établie dans le cadre des accords de paix de 2016 avec les anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). En liberté surveillée, ils devront effectuer des travaux d'intérêt général en hommage aux victimes pendant huit ans.
Pratique des "faux positifs"
Pendant le conflit, de nombreux civils, principalement des jeunes issus de milieux défavorisés, ont été tués dans des affrontements entre l'armée et les groupes de guérilla d'extrême gauche. Certains de ces civils étaient injustement présentés comme des guérilleros morts au combat, dans le but d'améliorer les statistiques de lutte contre la guérilla. Cette pratique, appelée "faux positifs", a conduit l'armée à présenter ses excuses en 2023 pour ces actes condamnables. ## Président du tribunal condamne les « faux positifs » en Colombie
Le président du tribunal, Alejandro Ramelli, a déclaré qu'aucun Colombien ne méritait de mourir à cause d'un réseau criminel responsable de la sélection, de l'assassinat et de la disparition de personnes innocentes. Le tribunal a révélé au moins 6 402 cas de « faux positifs » entre 2002 et 2008, durant la présidence d'Alvaro Uribe, marquée par une politique de fermeté contre les groupes armés.
Condamnation de l'ancien président
Malgré les dénégations de l'ancien président Uribe sur le caractère gouvernemental de ces assassinats et ses critiques envers l'accord de paix de 2016, il a été condamné en première instance à 12 ans de résidence surveillée pour entrave à la justice et subornation de témoins. Il est également sous le coup d'enquêtes concernant ces « faux positifs ».
Réactions de la JEP
La JEP a prononcé sa première condamnation à l'encontre d'anciens chefs des Farc, condamnés à huit ans de liberté surveillée et de travaux d'intérêt général pour plus de 21 000 enlèvements. Certaines victimes, dont Ingrid Betancourt, ont exprimé leur mécontentement, réclamant des peines plus sévères.