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Intoxication au méthanol au Maroc : Plus de 100 personnes hospitalisées suite à une célébration tragique
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Intoxication au méthanol au Maroc : Plus de 100 personnes hospitalisées suite à une célébration tragique

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Plus de 100 personnes hospitalisées après une intoxication au méthanol au Maroc

Un événement tragique a secoué la ville de Kénitra (nord) au Maroc suite à une intoxication collective au méthanol. Plus de 100 personnes ont été transportées dans différents hôpitaux de la région après avoir consommé un alcool frelaté en célébrant la victoire du Real Madrid en Ligue des champions. Malheureusement, huit personnes ont perdu la vie à la suite de cet empoisonnement.

Des circonstances encore floues

Les autorités locales ont évoqué la présence d’une substance alcoolique impropre à la consommation, ayant entraîné cette intoxication massive. Selon des sources hospitalières, le nombre de décès pourrait atteindre quinze, bien que le bilan reste provisoire. Les individus soupçonnés d’avoir fourni le liquide toxique sont actuellement en détention, tandis que les circonstances exactes de cet empoisonnement restent floues.

Le méthanol, un fléau au Maroc

Le méthanol est fréquemment utilisé au Maroc comme substitut de l’alcool éthylique. Cependant, sa consommation à une dose trop élevée peut être mortelle. Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc considère cet empoisonnement comme l’un des plus importants depuis quarante ans dans le royaume chérifien. Il s’agit d’un rappel tragique des dangers associés à la consommation d’alcool frelaté et des précautions nécessaires pour éviter de telles tragédies à l’avenir.

L’intoxication au méthanol, un problème de santé publique

En 2018, le CAPM notait que « l’intoxication par le méthanol suite à la consommation d’alcool frelaté est un vrai problème de santé publique dans les pays en voie de développement ». Selon plusieurs sources médicales, le nombre élevé de victimes à Sidi Allal Tazi s’expliquerait par le délai entre l’ingestion et l’apparition des premiers symptômes. La phase de latence varie en moyenne de neuf à vingt-quatre heures, suivie de troubles de la conscience, de vomissements, voire de comas pour les cas les plus graves, avec des risques élevés de cécité.

Profil des personnes intoxiquées

Le profil des personnes intoxiquées correspond au portrait-robot des consommateurs habituels de méthanol, tel que l’ont dressé les différentes études consacrées à ce phénomène au Maroc. En 2020, la Revue de santé de la Méditerranée orientale s’était penchée sur une intoxication collective survenue en 2017 dans la municipalité d’El Hajeb, près de Meknès. Treize personnes étaient décédées parmi les 26 cas d’intoxication étudiés. Toutes les victimes étaient « de faible niveau socio-économique », avec des revenus mensuels inférieurs à 1 500 dirhams et près d’un quart d’entre elles étaient sans domicile fixe, soulignait la publication de l’OMS.

Absence de prévention et décisions gouvernementales

Les addictologues dénoncent l’absence de prévention dans un pays où la consommation d’alcool, bien que tolérée pour les citoyens musulmans, ne fait l’objet d’aucune campagne de sensibilisation. Le drame de Sidi Allal Tazi résonne particulièrement à la lumière des décisions gouvernementales récentes. Alors que les taxes sur les boissons alcoolisées avaient augmenté sous le gouvernement islamiste du PJD, leur hausse a été fortement réduite fin 2023 à la suite d’une réunion entre le gouvernement et les professionnels du secteur. Selon le journal Assabah, toute augmentation pourrait stimuler la consommation d’alcool frelaté, constituant une menace pour la santé des citoyens.