Verdict historique : 28 ans de prison pour les assassins de leaders indigènes au Pérou
3 minutesPérou : Condamnation à 28 ans de prison pour les assassins de quatre défenseurs de l’environnement
Un tribunal péruvien a condamné jeudi 11 avril cinq hommes à près de 30 ans de prison pour l’assassinat en 2014 de quatre leaders indigènes qui luttaient contre l’exploitation forestière illégale dans une zone frontalière entre le Pérou et le Brésil.
Une condamnation marquante pour l’assassinat des leaders indigènes
La juge Karina Bedoya Maque, du tribunal pénal d’Ucayali, dans la ville de Pucallpa, a condamné les frères Josimar et Segundo Atachi, ainsi que José Carlos Estrada, Hugo Soria et Eurico Mapes à 28 ans et 3 mois d’emprisonnement en qualité de « co-auteurs d’homicide aggravé ». Le parquet avait requis 35 ans de prison pour chacun des accusés.
Les quatre chefs indigènes, Edwin Chota, Jorge Rios, Leoncio Quintisima et Francisco Pinedo, ont été assassinés devant des membres de leur communauté le 1ᵉʳ septembre 2014. Leur meurtre avait suscité des critiques contre les autorités péruviennes pour le manque de protection accordée à ces défenseurs de l’environnement.
Les familles des victimes, ainsi que la communauté de Saweto, espèrent que cette condamnation servira de précédent pour la protection des dirigeants indigènes et des défenseurs de l’environnement. Edwin Chota, en particulier, était reconnu pour son engagement dans la préservation des forêts amazoniennes. Selon l’ONG Global Witness, plus de 54 défenseurs de l’environnement ont été tués au Pérou depuis 2012, la plupart d’entre eux appartenant à des groupes indigènes.
Un verdict historique dans l’affaire des assassins de l’activiste amazonien
Lita Rojas exprime sa satisfaction après une décennie d’attente
Lita Rojas, veuve du leader amazonien Leoncio Quintisima, se réjouit de la conclusion de dix ans d’attente après le verdict prononcé par le tribunal. Elle a exprimé son bonheur à l’Agence France-Presse après avoir voyagé pendant deux jours par voie fluviale et par route pour assister au procès à Pucallpa, venant de la communauté d’Alto Tamaya-Saweto située à la frontière avec le Brésil.
Des réactions positives après l’annonce de la sentence
L’ONG Derecho, Ambiente y Recursos Naturales (DAR) a salué la décision du tribunal, déclarant sur les réseaux sociaux que la justice avait enfin été rendue et que l’impunité pour les assassins des défenseurs de l’environnement était terminée. Des leaders indigènes ont également exprimé leur détermination à continuer à défendre la forêt et les rivières, criant haut et fort leur soutien à Saweto à l’extérieur du palais de justice.
Une longue bataille judiciaire finalement aboutie
Le procès, qui s’était ouvert en novembre 2023, a finalement abouti à un verdict historique condamnant les accusés à 28 ans de prison chacun. Malgré l’annulation du jugement initial en août de la même année et un nouveau procès ordonné en raison d’irrégularités concernant la déclaration d’un témoin, la persévérance des parties civiles a finalement payé. Au fil des années, des mafias spécialisées dans l’exploitation forestière illégale en Amazonie ont menacé les communautés locales en pénétrant dans des zones sous contrôle indigène pour extraire du bois, mais ce verdict marque une victoire importante dans la lutte contre ces activités criminelles.