Le nouveau gouvernement sénégalais dirigé par Ousmane Sonko : Une équipe surprenante et prometteuse
4 minutesLe nouveau gouvernement sénégalais dirigé par Ousmane Sonko
Le premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a présenté son nouveau gouvernement vendredi 5 avril, mettant en avant une équipe resserrée composée de 25 ministres et cinq secrétaires d’Etat, dont près de la moitié provient de son mouvement politique, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).
Des nominations inattendues pour des postes régaliens
Une des surprises majeures de ce nouveau gouvernement est la nomination de deux militaires à des postes régaliens : le général Birame Diop, ancien chef d’état-major, a été nommé à la tête des forces armées, tandis que le général Jean-Baptiste Tine, ancien haut commandant de la gendarmerie nationale, a été placé à l’intérieur. Ces nominations visent à confier des ministères clés à des personnalités perçues comme neutres sur le plan politique.
Une place importante pour les cadres du Pastef
En plus des nominations de militaires, une part significative du gouvernement est composée de membres du Pastef, parti créé en 2014. Treize membres du gouvernement proviennent de ce mouvement, avec des poids lourds comme Birame Souleye Diop nommé au ministère de l’énergie, du pétrole et des mines et Yacine Fall au ministère de l’intégration africaine et des affaires étrangères. Ce nouveau gouvernement cherche à incarner le changement promis lors de l’élection présidentielle de 2024.
Composition du gouvernement : des choix stratégiques
Beaucoup d’acteurs historiques de Pastef ne sont pas dans le gouvernement Certains alliés non plus, comme l’ancienne première ministre Aminata Touré ou le doyen Habib Sy, qui ont fait campagne en faveur de Bassirou Diomaye Faye », pointe Abdou Khadre Lo, analyste politique, qui considère que c’est une « vraie rupture »
Quelques rescapés de la précédente mandature ont néanmoins trouvé leur place au sein du gouvernement, comme Serigne Guèye Diop, ministre de l’industrie et du commerce, qui a été un proche conseiller de Macky Sall Le soir de son investiture, Bassirou Diomaye Faye a par ailleurs choisi comme directeur de cabinet Mary Teuw Niane, un ancien ministre de l’enseignement passé dans l’opposition en 2019
Une volonté de continuité et de nouveaux visages
Secrétaire général de la présidence sous la précédente mandature, Oumar Samba Ba a, lui, été reconduit dans ses fonctions « Nous avons fait ce choix pour assurer la continuité de l’Etat Depuis le premier président Léopold Sédar Senghor, les hauts fonctionnaires, non encartés, ont toujours eu cette mission qui a permis d’assurer la stabilité de notre pays Ils se placent au-dessus des intérêts partisans », justifie un conseiller de Bassirou Diomaye Faye
« Il y a cette volonté de ne pas vouloir prendre trop de risques pour ne pas frustrer les alliés ni sauter dans l’inconnu, en proposant des postes à des gens de l’ancien régime C’est un gouvernement de prudence », considère le politologue Jean-Charles Biagui, qui constate tout de même « l’effort mettre en avant de nouvelles têtes », notamment à travers la nomination de techniciens comme Fatou Diouf, enseignante-chercheuse spécialiste des activités maritimes, désignée à la tête du ministère des pêches
Un partage du pouvoir délicat à venir
A l’économie, c’est un spécialiste des questions monétaires qui a travaillé au Fonds monétaire international (FMI), Abdourahmane Sarr, qui a été désigné Un poste qui sera d’autant plus scruté que Bassirou Diomaye Faye s’est engagé à accélérer la sortie du franc CFA, la monnaie commune à la plupart des Etats francophones d’Afrique de l’Ouest, héritée de la colonisation
Reste à savoir comment le président élu et son mentor – désormais premier ministre – vont se partager le pouvoir Le tandem est inédit : principal leader de l’opposition mais exclu de la présidentielle, Ousmane Sonko a désigné Bassirou Diomaye Faye comme candidat de substitution Cet ascendant va-t-il se refléter dans le fonctionnement à venir de l’exécutif ? « Le poste de premier ministre est un poste conflictogène et éjectable », met en garde Ogo Seck, professeur en sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, soulignant qu’« il ne peut pas y avoir deux coqs dans le même poulailler »