Le règne sans merci des gangs en Haïti
3 minutesLa montée en puissance des gangs en Haïti
Les récentes violences en Haïti ont mis en lumière la force des gangs, qui profitent de liens avec le pouvoir, de la négligence des institutions et du désordre politique suite à l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021.
Des gangs en Haïti depuis des décennies
Les gangs en Haïti ne sont pas nouveaux. Bien qu’ils existent depuis des années, leur expansion a été particulièrement marquée depuis les années 1990, après la dissolution de l’armée par le gouvernement pour éviter les coups d’État militaires. En 2018, le gouvernement a fait appel aux bandes armées pour réprimer un mouvement de contestation populaire contre la corruption et en faveur de réformes politiques.
Frédéric Thomas, du Centre tricontinental (CETRI) en Belgique, souligne que les massacres perpétrés par ces gangs révèlent leur utilisation par le pouvoir. Le géographe Jean Marie Théodat estime qu’Haïti est devenu un “narco-état” avec Ariel Henry complice de la mainmise des bandits sur le pays. Certains gangs, plus puissants que les autorités et les forces de l’ordre, ont décidé de s’autonomiser.
Des bandes armées prospères grâce à diverses activités criminelles
Armés par des armes provenant des États-Unis, ces gangs prospèrent à travers le trafic de drogue, le racket, les enlèvements et les droits de passage exigés dans les territoires sous leur contrôle. Ils contrôlent plus de 80% de la capitale haïtienne et leurs actions ont conduit à l’effondrement des institutions publiques et à l’assassinat de Jovenel Moïse.
La crise politique et sécuritaire en Haïti : une analyse critique
Selon Frédéric Thomas, les gangs en Haïti ne sont pas animés par des motivations politiques ou sociales, mais plutôt par le désir de pouvoir et de contrôle territorial. Ils ne soutiennent pas l’émergence d’institutions fortes ou d’un pouvoir légitime.
Les enjeux de la situation actuelle en Haïti
Jean Marie Théodat affirme que les gangsters ne cherchent pas à obtenir des fonctions politiques, mais à maintenir leur domination et leurs activités lucratives, sans se conformer aux normes internationales.
Il estime que pour renforcer la sécurité en Haïti, il est essentiel de mobiliser les jeunes à travers la conscription. Concernant la situation politique, le retour d’Ariel Henry aurait mené à un chaos supplémentaire selon le géographe haïtien, qui prône un choix démocratique des dirigeants par la population.
Les perspectives internationales et les défis à relever
Tant l’ONU que les Etats-Unis soutiennent l’envoi d’une mission multinationale dirigée par le Kenya pour lutter contre les bandes armées en Haïti. Cependant, cette approche est critiquée car elle repose en partie sur une classe politique peu populaire et liée aux gangs.
Malgré la volonté d’intervention étrangère, le report du déploiement des forces kényanes souligne la complexité de la situation en Haïti. Jean Marie Théodat encourage toute aide extérieure, mais insiste sur la nécessité de susciter la confiance de la population haïtienne, alors que le Kenya manque d’expérience dans la région et que le nombre de policiers et de militaires étrangers reste insuffisant face aux bandes armées.