Troisième mort dans les heurts au Sénégal : Manifestations explosives dans le fief de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko
4 minutesTroisième mort dans les heurts au Sénégal
Manifestations qui se poursuivent dans le fief de l’opposant emprisonné Ousmane Sonko
Un jeune de 19 ans est décédé samedi des suites de ses blessures infligées lors d’une manifestation dans le sud du Sénégal, portant ainsi à trois le nombre de morts depuis le début de la crise liée au report de l’élection présidentielle. Selon des sources hospitalières et politiques citées par l’Agence France-Presse (AFP), la plupart des villes du pays sont restées calmes samedi, cependant, des manifestations spontanées se sont poursuivies à Ziguinchor, fief de l’opposant emprisonné Ousmane Sonko.
Un lycéen touché par un projectile à la tête
Dans la ville de Ziguinchor, un jeune de 19 ans a été touché à la tête par un projectile lors d’une manifestation, entraînant son décès plus tard à l’hôpital. Selon un responsable hospitalier, plusieurs personnes ont été gravement blessées lors des manifestations, parmi lesquelles celle-ci qui a été touchée par une balle à la tête. Abdou Sané, coordinateur du parti de l’opposition Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) à Ziguinchor, a également confirmé ces événements ajoutant que le jeune homme décédé était un lycéen du quartier de “Grand Dakar”.
Des appels internationaux pour des élections rapides et le calme
En plus de ces violences, un étudiant de 22 ans à Saint-Louis et un commerçant de 23 ans à Dakar ont également perdu la vie depuis vendredi lors des manifestations. Ces mouvements de contestation font suite au report de l’élection présidentielle prévue le 25 février, une décision perçue par l’opposition comme une manœuvre pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel et même pour maintenir le président actuel au pouvoir pendant plusieurs années, une allégation que le président Sall dément.
Les États-Unis et l’Union européenne ont exprimé leur préoccupation face à la situation au Sénégal et ont appelé à des élections rapides. L’ambassade des États-Unis a présenté ses condoléances aux familles et amis des victimes, tout en exhortant toutes les parties à agir de manière pacifique. De son côté, l’UE a présenté ses condoléances aux proches des défunts et a appelé les autorités sénégalaises à garantir les libertés fondamentales.
Les partenaires internationaux du Sénégal demeurent préoccupés par la situation actuelle et pressent les autorités de prendre des mesures pour organiser des élections le plus rapidement possible et apaiser la situation.
Mobilisation de la diaspora à Paris et Berlin
Samedi, des milliers de personnes ont manifesté à Paris et Berlin, rejoignant ainsi la mobilisation qui secoue actuellement le Sénégal. Cette vague de protestation est une réponse directe à la décision du président Macky Sall de reporter les élections à trois semaines du scrutin. Une décision validée par l’Assemblée nationale qui a également voté pour maintenir M. Sall au pouvoir jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur, prévue début 2025.
Indignation de l’opposition face à la répression
La répression violente des manifestations au Sénégal a suscité l’indignation de l’opposition. Khalifa Sall, l’un des principaux candidats à la présidentielle, a déclaré : “Nous prenons à témoin la communauté régionale et internationale, face aux dérives de ce pouvoir finissant”. De son côté, la coalition du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, soutenu par Ousmane Sonko, a dénoncé “la brutalité des forces de sécurité, qui ont exercé des violences inouïes”. Ils saluent cependant “les efforts” de la société civile et des acteurs politiques pour “faire barrage au coup d’Etat constitutionnel” du président Sall et maintenir la date de l’élection présidentielle au 25 février.
Préparation d’une nouvelle manifestation
Un collectif de la société civile, nommé Aar Sunu Election (« protégeons notre élection »), programme une nouvelle manifestation pour mardi. Face à la répression, ils déclarent qu’il est nécessaire d’adopter une stratégie de lutte citoyenne et d’utiliser la désobéissance civile comme arme pour mettre le pays à l’arrêt et rétablir la légalité constitutionnelle. Les manifestations actuelles et l’engagement résolu de la société civile et des acteurs politiques démontrent l’importance de cette élection présidentielle pour le peuple sénégalais, qui lutte pour préserver sa démocratie.