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Projet de loi d'urgence pour supprimer le droit du sol à Mayotte : Les barrages persistent malgré l'annonce du gouvernement

Projet de loi d'urgence pour supprimer le droit du sol à Mayotte : Les barrages persistent malgré l'annonce du gouvernement

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Projet de loi déposé “avant l’été” pour mettre fin au droit du sol à Mayotte

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé hier que le projet de loi visant à supprimer le droit du sol à Mayotte serait déposé “avant l’été”. Cette réforme constitutionnelle a pour objectif de répondre aux préoccupations des habitants de l’île, qui sont actuellement bloqués par des barrages routiers en signe de protestation contre une immigration jugée incontrôlée.

Selon Gérald Darmanin, plusieurs moments seront possibles pour l’examen de la réforme constitutionnelle. Il a également précisé que la ministre déléguée chargée des outre-mer, Marie Guévenoux, se rendrait à Mayotte dans un mois, suivie de sa propre visite dans trois mois, lorsque le projet de loi sera prêt. Le ministre a souligné que ce serait un “projet de loi d’urgence, mais qui ne prévoira pas que des questions migratoires car Mayotte est aussi un territoire magnifique”.

Les barrages persistent, paralysant l’île

Malgré cette annonce, les barrages routiers installés depuis le 22 janvier par les Mahorais se poursuivent, entraînant toujours une paralysie de la circulation sur l’île. Les habitants protestent contre l’insécurité et l’immigration qu’ils estiment incontrôlée.

Critiquée vivement par la gauche politique, qui a déjà annoncé son refus de voter le texte, cette mesure choc a été dévoilée dimanche dernier par le ministre de l’intérieur lors d’une visite dans l’archipel de l’océan Indien. Le gouvernement souhaite engager rapidement la révision constitutionnelle nécessaire. “Il faut que nous allions très vite”, a déclaré le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti. La ministre déléguée, Marie Guévenoux, prévoit de faire un compte-rendu de leur déplacement au président de la République dans l’après-midi.

Un courrier d’engagement attendu pour la levée des barrages

Malgré les barrages en place, le ministre de l’intérieur a indiqué que des négociations étaient en cours avec le collectif Forces vives, qui pilote le mouvement, ainsi qu’avec les élus locaux. Un courrier d’engagement devrait être envoyé dès le début de cette semaine. Gérald Darmanin a exprimé son optimisme en déclarant : “J’ai cru comprendre qu’après avoir reçu ce courrier, les barrages seraient levés”. La députée de Mayotte, Estelle Youssouffa, a également exprimé son espoir de voir les barrages levés à partir de mercredi.

L’issue de ces négociations reste incertaine, mais le gouvernement semble déterminé à mettre fin à la crise et à répondre aux préoccupations des habitants de Mayotte.

Mayotte, un département français en difficulté

Mayotte, un département français situé dans l’océan Indien, est considéré comme étant le département le plus pauvre de France. Il compte environ 310 000 habitants, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Cependant, la chambre régionale des comptes estime que ce chiffre est probablement beaucoup plus élevé.

Une population composée en grande partie d’immigrés

Mayotte présente une particularité démographique : environ 48% de sa population est composée d’immigrés, majoritairement originaires des Comores et d’autres pays d’Afrique. La plupart d’entre eux arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l’île comorienne d’Anjouan, située à seulement 70 kilomètres de distance. Ces immigrants vivent souvent dans des conditions précaires, résidant dans des bidonvilles constitués de bangas (cases) insalubres.

La fin du droit du sol à Mayotte : une mesure controversée

Dans le but de freiner ce flux migratoire, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a décidé de mettre fin au droit du sol à Mayotte. Selon lui, cela permettrait de supprimer les titres de séjour spécifiques à cette région, qui empêchent les détenteurs de ces titres de séjour de se rendre en métropole. Cette mesure, qualifiée de “radicale” et “extrêmement forte” par le ministre, aura pour conséquence une diminution de 90% du nombre de titres de séjour délivrés à Mayotte. De plus, la récente loi sur l’immigration a également durci les règles du regroupement familial, renforçant ainsi les restrictions d’entrée sur le territoire.

Cependant, cette mesure divise déjà largement les opinions. Les détracteurs affirment que pour résoudre les problèmes de Mayotte, il est nécessaire d’approfondir les principes républicains plutôt que de remettre en cause le droit du sol. Le député “insoumis” Manuel Bompard a ainsi déclaré sur CNews/Europe 1 : “Pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n’a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République”. À l’extrême droite, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, s’est quant à lui félicité de l’annonce, estimant que la suppression du droit du sol est une étape nécessaire pour l’ensemble du pays.

La suppression du droit du sol à Mayotte sera soumise au vote du Parlement dans le cadre d’un projet de loi prochainement déposé à l’Assemblée nationale par le gouvernement. Il est cependant important de noter que d’autres réformes constitutionnelles sont en cours qui touchent la Nouvelle-Calédonie, l’interruption volontaire de grossesse et la Corse. Le choix du moment de cette réforme relève donc du président de la République, qui discute de cette question avec les forces politiques en présence.