Crise des migrants en Italie : SOS Méditerranée contrainte de naviguer pendant six jours supplémentaires pour débarquer les rescapés
3 minutesItalie : SOS Méditerranée obligée de gagner un port « lointain » pour débarquer 29 migrants
L’Ocean Viking, le navire-ambulance de SOS Méditerranée, a récemment secouru vingt-neuf migrants au large de la Libye. Cependant, en raison d’un décret adopté par l’Italie qui restreint les activités des navires d’ONG, ces rescapés devront être débarqués à Ravenne, un port « éloigné » de la position actuelle du navire. Cette décision impliquera « six jours de navigation supplémentaires », a dénoncé l’ONG.
Des conditions difficiles pour les rescapés
Après avoir passé huit heures en mer, les migrants, majoritairement originaires de Syrie et du Soudan, deux pays en guerre, se trouvent dans un état d’épuisement. SOS Méditerranée et la Croix-Rouge se chargent désormais de leur prise en charge à bord du navire.
Un sauvetage urgent et une destination inattendue
Suite à un appel de détresse émis par Alarm Phone, un numéro d’urgence utilisé par les migrants en difficulté en Méditerranée, l’Ocean Viking a secouru les vingt-neuf personnes présentes sur une embarcation inadaptée pour la navigation en eaux internationales, au large de la Libye. Les autorités italiennes ont ensuite demandé au navire de se diriger vers le port éloigné de Ravenne, situé à 1 613 kilomètres, afin de permettre le débarquement des rescapés.
Une destination lointaine qui entrave les opérations de sauvetage
L’ONG SOS Méditerranée a vivement critiqué une nouvelle mesure adoptée par l’Italie qui entrave les activités des navires d’ONG. En effet, cette nouvelle règle oblige les navires à transporter les personnes secourues vers un port éloigné dès la première opération, les empêchant ainsi d’enchaîner les sauvetages. Cette situation inquiète l’ONG, qui dénonce le fait que cela privera l’Ocean Viking “de toute possibilité de rechercher et de secourir des femmes, des hommes et des enfants en détresse en Méditerranée centrale” pendant une durée considérable.
Une route migratoire dangereuse
Depuis 2016, SOS Méditerranée a sauvé près de 39 000 personnes en Méditerranée, principalement sur la route migratoire la plus périlleuse du monde : la Méditerranée centrale. Cependant, depuis le début de l’année, le nombre de disparitions sur cette route est alarmant. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 2 166 migrants ont disparu depuis janvier, dépassant de loin les 1 417 disparus en 2022.
Un dilemme humanitaire
Cette nouvelle mesure adoptée par l’Italie soulève de nombreuses questions quant à l’avenir des opérations de sauvetage en Méditerranée centrale. Alors que les ONG font tout leur possible pour secourir les personnes en détresse, elles se retrouvent désormais confrontées à un dilemme. D’un côté, elles doivent répondre aux besoins urgents des personnes en détresse, mais de l’autre, elles sont contraintes de se rendre dans des ports lointains après chaque opération de sauvetage, réduisant ainsi leur capacité à intervenir rapidement lors de nouvelles demandes de secours.
Cette nouvelle mesure de l’Italie ne laisse donc pas indifférents les acteurs humanitaires et suscite de vives critiques. La question reste donc posée : comment continuer à sauver des vies en mer tout en respectant les nouvelles contraintes imposées par les autorités italiennes ? La réponse à ce dilemme humanitaire reste encore à trouver.