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Instagram visé par une plainte de quarante-deux États américains : l'issue de la procédure en question

Instagram visé par une plainte de quarante-deux États américains : l'issue de la procédure en question

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Instagram visé par une plainte de quarante-deux Etats américains : une procédure fragile ?

Selon une nouvelle procédure aux États-Unis, le réseau social Instagram, appartenant au groupe Meta, est accusé de “nuire à la santé mentale et physique des jeunes”. Cependant, l’issue de cette plainte suscite des interrogations quant à sa solidité juridique.

Des accusations basées sur trois éléments principaux

La plainte déposée par les ministères publics de quarante-deux États américains, dont certaines figures démocrates et républicaines, s’appuie sur deux ans d’enquête et près de 230 pages. Elle reproche notamment à Meta d’avoir “dissimulé la façon dont ces plates-formes exploitent et manipulent ses consommateurs les plus vulnérables”, entraînant ainsi des “dommages considérables” sur la “santé mentale et physique des jeunes du pays”.

Trois éléments principaux sont à l’origine de ces accusations. Tout d’abord, les documents divulgués par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, connus sous le nom de “Facebook Files”, incluant des études internes de Meta qui établissent des liens entre le mal-être adolescent et l’utilisation d’Instagram. Ensuite, les déclarations publiques de hauts cadres de l’entreprise prétendant ne pas chercher à attirer les enfants sur leurs plates-formes, ce que les procureurs estiment être des mensonges. Enfin, la mise en place de certaines fonctionnalités, comme la navigation infinie ou les “likes”, considérées comme addictives et dangereuses pour les jeunes utilisateurs.

Une plainte incomplète et sujette à débat

Cependant, la lecture de la plainte suscite une certaine perplexité. Près de la moitié du document a été censurée avant sa publication, ce qui rend difficile une évaluation précise de la solidité des arguments avancés par les procureurs américains. Les informations non divulguées pourraient potentiellement contenir des éléments de preuve importants à l’appui de l’accusation. De plus, la partie visible de la plainte présente une série de reproches peu ou pas étayés, accompagnés de généralisations qui pourraient ne pas inquiéter outre mesure les avocats de Meta.

Plusieurs pages sont ainsi consacrées à la dénonciation de fonctionnalités telles que les “likes”, les notifications ou la recommandation de contenus. Il s’agit de mécanismes légitimement critiqués, conçus pour augmenter la rétention et le temps passé des utilisateurs sur Instagram ou Facebook. Cependant, ils représentent des normes de l’industrie qui ne sont, à moins d’une démonstration contraire, pas illégales.

Plainte contre Meta : des accusations appuyées par des études mais sans preuves

Une plainte récemment déposée contre Meta, la maison-mère de Facebook et Instagram, met en évidence la corrélation entre l’utilisation excessive des réseaux sociaux chez les adolescents et la souffrance psychologique. Toutefois, aucune preuve concrète permettant d’établir un lien de causalité direct n’a été présentée dans la version rendue publique de la plainte. Cette dernière se concentre principalement sur des accusations générales, minimisant ainsi certains risques bien établis tels que le harcèlement en ligne.

Des arguments discutables soulevés par la plainte

Certains arguments avancés dans la plainte laissent perplexe. Par exemple, la fonction des “comptes multiples” sur Instagram est présentée comme une stratégie visant à multiplier les flux d’images en compétition pour capter l’attention des jeunes utilisateurs. Or, cette fonctionnalité est principalement utilisée par les adolescents pour gérer un compte public et un compte privé (généralement dissimulé aux yeux de leurs parents). De plus, la plainte mentionne des publicités pour des services payants de streaming de dessins animés comme preuve de la connaissance et de l’encouragement de Meta à la présence d’enfants sur ses plateformes, sans envisager qu’elles puissent cibler les parents eux-mêmes.

L’indécision du Parlement américain face à la responsabilisation des réseaux sociaux

Malgré des années d’auditions critiques envers les dirigeants de tous les grands réseaux sociaux, le Parlement américain n’a pas réussi à se mettre d’accord sur une nouvelle législation encadrant ces plateformes. La plainte soulève donc des questions légitimes quant à la tension entre l’objectif commercial de l’entreprise, qui est de maximiser le temps passé sur ses applications, et l’impact que cela peut avoir sur les utilisateurs les plus jeunes. Cependant, il est peu probable que la voie judiciaire, en dénonçant simplement les “likes” ou les flux d’actualité infinis, soit suffisante pour résoudre ces problèmes. À cet égard, l’Union européenne a choisi d’adopter des textes de loi clairs, bien que loin d’être parfaits, pour réguler les réseaux sociaux.