Tensions croissantes au Mali : L'ONU accélère son départ de Tessalit pour protéger son personnel
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La situation sécuritaire dans la région de Tessalit, au nord du Mali, s’est rapidement détériorée, poussant la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma) à accélérer son retrait de cette base. Cette décision vise à garantir la sécurité du personnel de la mission face aux risques liés au djihadisme et au séparatisme touareg qui sévissent dans le pays.
L’armée malienne reprend le contrôle du camp de Tessalit
Suite au départ de la Minusma, le camp de Tessalit, principalement occupé par des soldats tchadiens, a été entièrement récupéré par l’armée malienne. La région de Kidal, où se trouve Tessalit, est le théâtre de tensions croissantes entre différents groupes armés qui se disputent le contrôle du territoire.
Des conditions dangereuses pour le personnel de l’ONU
Dans un communiqué, la Minusma a déclaré avoir achevé son retrait accéléré de Tessalit dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu et dégradé. Les membres du personnel de la mission ont été contraints de se réfugier à plusieurs reprises dans des bunkers en raison des tirs. La situation a atteint son paroxysme jeudi dernier lorsque l’aile d’un avion-cargo tunisien affrété par la Minusma a été touchée lors de son atterrissage à Tessalit. Heureusement, aucun blessé ni aucun dommage majeur n’a été recensé.
Avant de quitter la base, la Minusma a pris la décision difficile de détruire, désactiver ou mettre hors service des équipements de valeur tels que des véhicules, des munitions, des générateurs et d’autres biens. Cette mesure a été prise en dernier recours, conformément aux règles de l’ONU. Ces équipements ne pouvaient pas être renvoyés aux pays contributeurs de troupes ni redéployés vers d’autres missions de maintien de la paix.
Difficultés d’accès à Tessalit
Des difficultés d’accès à Tessalit se sont posées aux « 200 camions » prévus pour « récupérer ce matériel ». Ils sont bloqués « à Gao depuis le 24 septembre, faute d’autorisation des autorités au vu de la situation sécuritaire » dans la région, selon la Minusma.
Retrait du camp de Tessalit
Le retrait du camp de Tessalit est le premier dans la région de Kidal et le « sixième » dans le pays. La Minusma avait aussi avancé celui de Ber en raison de la montée des tensions. Il reste notamment l’évacuation du camp de Kidal, ville bastion des séparatistes, qui s’annonce périlleux.
Les rivalités pour le contrôle du nord du pays
Les colonels arrivés au pouvoir au Mali par la force en 2020 ont réclamé en juin, après des mois de dégradation des relations, le départ de la Minusma, déployée depuis 2013. Le retrait des quelque 11 600 soldats et 1 500 policiers (de dizaines de nationalités) qui étaient présents au Mali doit s’échelonner jusqu’au 31 décembre. Il a exacerbé les rivalités pour le contrôle du nord du pays.
Les groupes séparatistes s’opposent à ce que la Minusma remette les camps aux autorités maliennes, ce qui va à l’encontre, selon eux, des accords passés en 2014 et 2015 quand, après s’être soulevés en 2012, ils avaient accepté de cesser le feu et de faire la paix. Ces groupes à dominante touareg ont repris les hostilités contre l’État central, et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a multiplié les attaques contre les positions militaires.