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Une journaliste russo-américaine emprisonnée en Russie : la répression croissante contre la liberté de la presse
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Une journaliste russo-américaine emprisonnée en Russie : la répression croissante contre la liberté de la presse

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Alsu Kurmasheva restera en prison jusqu’au 5 décembre

La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, travaillant pour le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty, restera en prison au moins jusqu’au 5 décembre. Elle a été arrêtée le 18 octobre dans la ville de Kazan en Russie, et est accusée de ne pas s’être déclarée “en tant qu’agent de l’étranger”, un chef d’accusation passible de cinq ans de prison.

Prolongation de la détention provisoire

Après avoir été arrêtée le 18 octobre, Alsu Kurmasheva a vu sa détention provisoire prolongée pour la première fois le vendredi suivant. Puis, le 23 octobre, le tribunal Sovetski de Kazan a prolongé sa détention provisoire jusqu’au moins “jusqu’au 5 décembre”. Cette décision a été annoncée par les agences de presse russes. Le tribunal a validé la demande des enquêteurs qui accusent la journaliste de ne pas s’être inscrite en tant qu’“agent de l’étranger”.

Radio Free Europe/Radio Liberty demande sa libération

RFE/RL a réitéré son appel à la “libération immédiate” d’Alsu Kurmasheva, après la décision du tribunal de prolonger sa détention. La journaliste travaille pour RFE/RL depuis 1998, se concentrant sur les langues tatare et bachkire pour couvrir les minorités ethniques du Tatarstan et du Bachkortostan. Elle réside habituellement à Prague avec sa famille mais s’est rendue en Russie pour une “urgence familiale” en mai et n’a pas pu repartir car ses passeports américain et russe ont été confisqués. Elle aurait été condamnée à une amende en octobre pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes. Selon des sources policières, elle aurait travaillé sur la mobilisation des enseignants par l’armée russe pour l’offensive en Ukraine. Les autorités russes l’accusent de manquements à son inscription au registre des “agents de l’étranger” et d’avoir collecté intentionnellement des informations pouvant nuire à la sécurité de la Fédération de Russie. Elle risque une peine de cinq ans de prison.

La détention d’Alsu Kurmasheva : une nouvelle journaliste américaine emprisonnée en Russie

Alsu Kurmasheva est désormais la deuxième journaliste américaine à être détenue en Russie, aux côtés d’Evan Gershkovich, toujours emprisonné depuis son arrestation pour espionnage par les services de sécurité russes (FSB) lors d’un reportage à Iekaterinbourg, le 29 mars dernier. Cette situation met en lumière une tendance inquiétante : ces dernières années, plusieurs citoyens américains arrêtés en Russie ont été libérés seulement après des échanges de prisonniers avec Washington.

Une campagne de répression croissante en Russie

Depuis le début de son invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie est accusée de mener une campagne de répression accrue contre les médias indépendants, les organisations non gouvernementales (ONG), les journalistes, les avocats et les opposants politiques. Cette répression se caractérise notamment par l’utilisation du statut d’« agent de l’étranger », qui rappelle le qualificatif soviétique d’« ennemi du peuple ». Ce statut impose des contraintes administratives et un contrôle financier très lourd aux personnes ou entités visées. De plus, il oblige également à apposer l’étiquette d’« agent de l’étranger » sur toute publication, y compris sur les réseaux sociaux.

Des journalistes pris pour cible en Russie

Parmi les victimes de cette répression se trouvent certains des critiques les plus respectés du président russe, Vladimir Poutine, tels que le Prix Nobel de la paix et rédacteur en chef du journal indépendant Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov, qui a été qualifié d’« agent de l’étranger » par la justice russe depuis le 1er septembre. Dans une interview accordée au journal Le Monde et publiée dimanche, M. Mouratov a déclaré : « Je donne mon opinion. Je suis donc ennemi du peuple simplement parce que je fais mon métier. Sur près de 700 agents de l’étranger, un tiers sont des journalistes. Il y a près de 600 prisonniers politiques en Russie – condamnés pénalement, mais, en réalité, pour des raisons politiques ». Cette situation préoccupante met en évidence la nécessité d’agir pour protéger la liberté de la presse en Russie et le droit des journalistes à exercer leur métier sans crainte de représailles.