Crise diplomatique : Le Canada retire ses diplomates de l'Inde suite à des accusations explosives
4 minutesCrise diplomatique : Le Canada rapatrie ses diplomates de l’Inde
Le Canada a annoncé jeudi 19 octobre le rapatriement de 41 diplomates basés en Inde, suite à la menace de l’Inde de révoquer leur immunité diplomatique. Cette décision intervient alors que les relations entre les deux pays se sont dégradées ces derniers mois, notamment depuis les déclarations du premier ministre canadien, Justin Trudeau, évoquant l’implication possible du gouvernement indien dans l’assassinat d’un leader sikh au Canada.
Une situation tendue entre les deux pays
Les tensions entre le Canada et l’Inde ont émergé en septembre lorsque Justin Trudeau a évoqué publiquement l’implication possible du gouvernement indien dans l’assassinat d’un leader sikh près de Vancouver en juin dernier. Des accusations qualifiées d’« absurdes » par le gouvernement indien, qui a par la suite demandé le départ des diplomates canadiens présents sur son territoire. Ces derniers ont désormais regagné le Canada suite à la menace de révocation de leur immunité diplomatique par l’Inde.
Une position diplomatique mesurée
La ministre des affaires étrangères canadiennes, Mélanie Joly, a exprimé sa préoccupation face à cette situation, la qualifiant de « sans précédent » et de « violation du droit international ». Néanmoins, elle a annoncé que le Canada ne prévoyait pas de révoquer l’immunité des diplomates indiens sur son territoire, afin de ne pas aggraver davantage la crise. Elle a affirmé que le Canada continuerait de défendre le droit international et maintiendrait le dialogue avec l’Inde. Toutefois, il est à noter que 21 diplomates canadiens restent en poste en Inde.
Malgré cette crise diplomatique, les liens entre le Canada et l’Inde demeurent solides, avec une forte immigration indienne au Canada. Le Canada poursuivra donc sa politique de dialogue avec l’Inde, tout en défendant le respect du droit international, applicable à tous les pays.
Tensions diplomatiques entre le Canada et l’Inde suite au meurtre d’un militant sikhe
Le meurtre de Hardeep Singh Nijjar, militant pour la création de l’Etat sikh indépendant du « Khalistan », a eu des répercussions sur les relations entre le Canada et l’Inde. En juin dernier, Nijjar a été abattu par deux hommes masqués sur le parking du temple sikh qu’il dirigeait près de Vancouver en Colombie-Britannique. Malheureusement, il a succombé à ses blessures sur place.
Les accusations de terrorisme et de conspiration à l’origine du différend
Arrivé au Canada en 1997 et naturalisé en 2015, Nijjar était recherché par les autorités indiennes pour sa présumée implication dans des actes terroristes et des complots visant à commettre un meurtre. Cependant, l’Organisation mondiale des sikhs du Canada, un groupe de défense des intérêts des sikhs canadiens, déclare que Nijjar niait ces accusations.
Tensions diplomatiques et préoccupations internationales
Suite à cet événement tragique, l’Inde a émis une mise en garde à ses citoyens, les appelant à éviter certains endroits au Canada en raison de la multiplication des activités anti-indiennes, des crimes haineux et des crimes à connotation politique. De plus, le traitement des visas pour le Canada a été suspendu par l’Inde.
Cette situation a également attiré l’attention des pays étrangers, notamment les États-Unis. Cependant, les États-Unis se retrouvent dans une position délicate, étant le voisin et allié historique du Canada, mais ayant également entrepris de se rapprocher du gouvernement indien dirigé par Narendra Modi sous l’impulsion du président Joe Biden.
Le Canada, qui abrite la plus grande communauté sikhe en dehors de l’Inde, est au centre de ces tensions diplomatiques. En effet, l’Inde craint que la diaspora sikhe au Canada puisse raviver le mouvement séparatiste grâce à un soutien financier massif. Ces craintes sont justifiées par le violent mouvement séparatiste sikh qui a secoué l’État indien du Pendjab dans les années 1980 et au début des années 1990, faisant des milliers de morts.
Cette affaire reste donc une source de préoccupation et de suivi à travers le monde, notamment par les États-Unis, qui cherchent à équilibrer leurs relations avec le Canada et l’Inde dans ce contexte délicat.