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La tragique détention d'Alsu Kurmasheva en Russie : un sombre coup porté à la liberté de la presse

La tragique détention d'Alsu Kurmasheva en Russie : un sombre coup porté à la liberté de la presse

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La détention prolongée d’Alsu Kurmasheva en Russie

La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, travaillant pour le média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), a vu sa détention provisoire prolongée jusqu’au 23 octobre. Elle avait été arrêtée dans la ville de Kazan, en Russie, et est accusée de ne pas s’être déclarée en tant qu’agent de l’étranger. Ce chef d’accusation peut entraîner une peine maximale de cinq ans de prison.

Une répression des médias indépendants en Russie

L’arrestation d’Alsu Kurmasheva fait suite à une campagne de répression menée par les autorités russes. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie est accusée de viser les médias indépendants, les ONG, les journalistes, les avocats et les opposants. De nombreux militants et reporters russes ont fui le pays, tandis que d’autres ont été incarcérés, dont plusieurs ressortissants américains.

La situation des journalistes américains en Russie

En plus d’Alsu Kurmasheva, un autre journaliste américain, Evan Gershkovich, est actuellement détenu en Russie. Il avait été arrêté pour espionnage par les services de sécurité russes (FSB) lors d’un reportage à Iekaterinbourg le 29 mars. Les autorités russes réfutent toute accusation de “persécution” à l’encontre des ressortissants américains.

Une journaliste américaine arrêtée en Russie pour manquements administratifs

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé vendredi que des mesures appropriées étaient prises à l’encontre de ressortissants américains qui violent des lois en Russie. Cette déclaration faisait suite à une question concernant le cas d’Alsu Kurmasheva, une journaliste américaine travaillant pour le média RFE/RL et actuellement poursuivie par le tribunal Sovetski de Kazan.

Des accusations de non-respect de l’inscription au registre des “agents de l’étranger”

Selon le tribunal, Alsu Kurmasheva est poursuivie pour avoir manqué à son inscription au registre des “agents de l’étranger”. Les autorités russes la soupçonnent d’avoir collecté intentionnellement des informations sur des activités militaires, pouvant mettre en danger la sécurité de la Fédération de Russie. En conséquence, elle risque une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans.

Le statut d’agent de l’étranger impose des contraintes administratives et financières importantes aux personnes ou entités visées. De plus, toute publication, y compris sur les réseaux sociaux, doit être accompagnée de ce label. Parmi les critiques les plus respectées du président russe, Vladimir Poutine, se trouvent également des personnes qualifiées d’“agents de l’étranger”, comme Dmitri Mouratov, Prix Nobel de la paix et rédacteur en chef du journal indépendant Novaïa Gazeta.

Une situation compliquée pour Alsu Kurmasheva

Alsu Kurmasheva, qui habite habituellement à Prague avec sa famille, s’était rendue en Russie le 20 mai dernier pour une “urgence familiale”. Cependant, elle n’a pas pu repartir car ses passeports américain et russe lui ont été confisqués. Selon le site Internet Tatar Inform, elle a été condamnée à une amende le 11 octobre pour ne pas avoir déclaré sa citoyenneté américaine aux autorités russes. Des sources policières anonymes indiquent qu’elle aurait notamment travaillé sur la mobilisation d’enseignants par l’armée russe pour l’offensive en Ukraine.

Alsu Kurmasheva travaille pour RFE/RL depuis 1998, couvrant les minorités ethniques de Russie qui peuplent le Tatarstan et le Bachkortostan, des régions de la Volga et de l’Oural. Basé à Prague, RFE/RL est financé par le Congrès américain et a été créé pendant la guerre froide dans le but de contrer la propagande soviétique dans les pays de l’Est. Le média publie encore aujourd’hui des contenus dans de nombreuses langues, souvent sensibles dans des pays à régimes autoritaires.

Ces dernières années, plusieurs citoyens américains arrêtés en Russie ont été libérés à la suite d’échanges de prisonniers avec les États-Unis. On peut espérer qu’une solution puisse être trouvée pour Alsu Kurmasheva dans le même esprit.