Les agences de notation : des juges de l'économie ou des marionnettes des grandes entreprises ?
5 minutesAgences de notation : un thermomètre controversé de l’économie mondiale
Les agences de notation, telles que Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, jouent un rôle clé dans l’évaluation de la santé financière des Etats et des entreprises. Leurs notations, allant de AAA à D, influencent les marchés financiers et peuvent avoir un impact significatif sur la capacité d’emprunt d’une entité. Cependant, leur fonctionnement et leur modèle économique font l’objet de nombreuses critiques.
Comment les agences de notation évaluent-elles ?
Les agences de notation se concentrent principalement sur la capacité de remboursement des dettes d’une entité. Pour cela, elles analysent les entrées et les sorties financières, en utilisant parfois des données fournies par l’entité elle-même ou par des instituts de statistiques. Elles prennent également en compte des facteurs plus globaux, tels que les pressions sociales et politiques.
Les analystes des agences de notation établissent différents scénarios et calculent la probabilité de leur réalisation. En fin de compte, ils attribuent une note, représentée par des lettres, qui indique la solvabilité de l’entité évaluée. Moody’s utilise un système de notation légèrement différent des deux autres agences.
Les “Big Three” : les mastodontes des agences de notation
Au niveau mondial, le marché des agences de notation est dominé par trois entreprises américaines : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. En 2022, ces “Big Three” détenaient 93 % des parts de marché dans l’Union européenne. Malgré la recommandation de l’Autorité européenne des marchés financiers de soutenir les agences accréditées minoritaires, ces trois mastodontes continuent de régner sur les notations.
Il est intéressant de noter que Fitch, l’une des “Big Three”, était autrefois détenu par une entreprise française, avant d’être cédé à un groupe de médias américain. Les deux autres agences appartiennent à des groupes spécialisés dans l’information économique, dont l’un est en partie détenu par le milliardaire Warren Buffett.
Les problèmes liés aux agences de notation
Malgré leur influence considérable, les agences de notation font également face à de nombreuses critiques. Certains remettent en question leur indépendance, soulignant que leur modèle économique est basé sur les honoraires payés par les entités évaluées. Cela pourrait créer des conflits d’intérêts et influencer les notations.
De plus, les notations des agences peuvent avoir des conséquences graves sur les marchés financiers. Une dégradation de la notation peut affecter négativement les conditions d’emprunt d’une entité, ce qui peut entraîner une spirale négative. Certains estiment que ces notes, bien qu’indicatives, ont un pouvoir trop important et peuvent favoriser une vision court-termiste de l’économie.
En conclusion, les agences de notation sont des acteurs clés de l’économie mondiale. Leurs notations ont un impact significatif sur les marchés financiers, mais leur fonctionnement et leur pouvoir soulèvent de nombreuses questions. Il est important de comprendre les limites de ces thermomètres financiers pour éviter une sur-dépendance à leurs évaluations.
Les agences de notation : un enjeu économique crucial
Les agences de notation jouent un rôle majeur dans le domaine financier en évaluant la solvabilité des États, des collectivités et des entreprises. Leurs notations déterminent la possibilité pour ces acteurs de contracter des emprunts et les taux qui leur sont appliqués. Ainsi, chaque évolution de note est scrutée de près par les investisseurs et les acteurs économiques.
La crise des subprimes en 2009 a mis en évidence l’impact des notations sur les marchés. Lorsque les agences de notation ont dégradé brutalement les notes des crédits hypothécaires à risque, la valeur de ces derniers a chuté et de nombreux fonds d’investissement ont fait faillite. De même, la crise des dettes européennes a relégué plusieurs pays dans des catégories à haut risque, entraînant une hausse des primes de risque et des taux d’intérêt.
Le nouveau modèle économique des agences de notation
Depuis les années 1970, les agences de notation ont changé leur modèle économique. Initialement rémunérées par les utilisateurs finaux de leurs notes, comme les banques, elles sont désormais payées par les entités qu’elles évaluent. Par conséquent, leur client est devenu leur objet d’étude. Certaines notations sont gratuites, notamment celles des pays les plus riches qui servent de référence. Cependant, la plupart des notations sont payantes.
Outre les notations souveraines, d’autres entités publiques comme les régions, les départements, les villes ou les hôpitaux peuvent également demander à être notées pour pouvoir ensuite se financer sur le marché de la dette. De plus, de plus en plus d’entreprises sollicitent également une notation. Les tarifs des agences restent confidentiels, mais il est estimé qu’elles touchent plusieurs dizaines de milliers d’euros pour noter une PME et jusqu’à un million d’euros pour une grande banque ou une compagnie d’assurance.
Les accusations de conflits d’intérêts et les mesures de contrôle
Le nouveau modèle économique des agences de notation suscite des suspicions de conflits d’intérêts. En effet, elles pourraient être tentées d’adoucir une note pour satisfaire leur client, l’entité notée. Des cas de changement des critères de notation pour éviter de perdre certains clients ont été révélés lors de la crise de 2009. Cependant, les agences affirment qu’il existe une séparation totale entre leur département commercial et celui des analyses.
Ce n’est qu’après la crise de 2009 que l’Europe a commencé à s’intéresser au contrôle de ces acteurs controversés de la finance. L’Autorité européenne des marchés financiers est désormais chargée d’accréditer les agences et peut mener des enquêtes en cas d’infractions potentielles. Dans les cas les plus graves, les agences peuvent même perdre leur accréditation. Des amendes ont déjà été infligées à des agences, comme Fitch en 2019 pour non-respect de la législation sur la prévention des conflits d’intérêts, ou Moody’s en 2021 pour avoir noté des entités dont son actionnaire détenait des parts.