Première expulsion de migrants vénézuéliens depuis les États-Unis : Le début d'une nouvelle politique d'immigration ?
5 minutesVenezuela : Première expulsion de migrants depuis les États-Unis
Depuis des années, Washington avait cessé de renvoyer des migrants au Venezuela en raison de l’instabilité qui règne dans le pays d’Amérique du Sud. Mais les deux gouvernements ont annoncé début octobre être parvenus à un accord en vue de la reprise de ces vols d’expulsions.
Arrivée d’un premier vol d’expulsion
Menottes aux pieds et aux mains, au moins 130 migrants vénézuéliens, hommes et femmes, tous des adultes isolés, ont débarqué, mercredi 18 octobre, d’un Boeing 737, à Caracas en provenance des États-Unis d’où ils ont été expulsés. « La mission au Venezuela s’est achevée avec succès », a déclaré la police de l’immigration américaine (ICE) dans un message aux journalistes à propos du premier vol de ce type opéré après un récent accord entre les deux gouvernements. L’appareil a atterri peu après 16 h 30 locales (22 h 30, heure de Paris) à l’aéroport international Simon Bolivar de la capitale vénézuélienne. Il avait quitté à l’aube le petit aéroport de Harlingen, dans le sud du Texas, près de la frontière mexicaine, où les migrants avaient été fouillés par les agents de l’immigration américains avant d’embarquer. L’avion a ensuite fait escale à Miami, en Floride, pour se ravitailler en carburant.
Un nouvel accord pour la reprise des expulsions
Les États-Unis avaient cessé il y a plusieurs années les vols spécifiquement destinés à expulser des immigrants vers le Venezuela, pays marqué par une grande instabilité politique et économique, et soumis à des sanctions de Washington qui n’a pas reconnu la réélection du président Nicolas Maduro en 2018. Mais les deux pays ont annoncé début octobre être parvenus à un accord en vue de la reprise de ces vols d’expulsions. Jusqu’à cet accord, les migrants vénézuéliens devant être expulsés des États-Unis étaient renvoyés dans leur pays sur des vols commerciaux. « Ceux qui voyagent ici vont de ceux qui viennent d’entrer illégalement par nos frontières à ceux qui sont dans le pays depuis un certain temps et qui ont commis des actes criminels », a dit à la presse Corey Price, directeur associé de l’ICE. D’autres vols de ce type sont prévus « dans les jours et les semaines à venir », a-t-il noté. Ces vols répondent à « une augmentation de la migration en provenance du Venezuela qui met à rude épreuve les systèmes d’immigration dans tout l’hémisphère − y compris aux États-Unis », a avancé le ministère des transports américain.
Le président Joe Biden, candidat à sa réélection l’année prochaine et que la droite accuse de faiblesse en matière migratoire, a annoncé le 5 octobre la reprise de ces expulsions directes, précisant que Caracas avait accepté de recevoir ses ressortissants. Cette reprise des expulsions directes vise des Vénézuéliens entrés sur le territoire américain après le 31 juillet. Pour ceux qui s’y trouvaient avant cette date, Washington a annoncé l’octroi de quelque 500 000 permis temporaires de séjour. Les États-Unis luttent depuis des années pour expulser des personnes vers des pays avec lesquels ils entretiennent des relations diplomatiques tendues, notamment le Venezuela, Cuba et le Nicaragua.
Les États-Unis autorisent la reprise des expulsions de migrants vénézuéliens
Après une interruption de plus de deux ans, le gouvernement cubain a autorisé la reprise des expulsions américaines en avril. Cependant, ces vols d’expulsion ont lieu environ une fois par mois, ce qui limite leur impact. Le gouvernement américain espère que cette récente menace d’expulsion découragera les Vénézuéliens de tenter d’entrer illégalement aux États-Unis. Ils sont encouragés à utiliser le système de rendez-vous en ligne pour déposer une demande d’asile ou à explorer d’autres voies légales. Malheureusement, de nombreuses personnes ne sont pas dissuadées de migrer malgré cette mesure.
La crise migratoire vénézuélienne persiste
Selon les Nations unies, plus de sept millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie. Le pays a connu une contraction de 80% de son PIB en dix ans. Cette situation désespérée pousse de nombreux Vénézuéliens à chercher refuge dans d’autres pays, y compris aux États-Unis.
Les États-Unis assouplissent partiellement les sanctions contre le Venezuela
Mercredi, les États-Unis ont annoncé un assouplissement limité des sanctions américaines imposées au Venezuela. Cette décision fait suite à la signature d’un accord entre les autorités vénézuéliennes et l’opposition en vue de la tenue d’une élection présidentielle en 2024. L’achat de gaz et de pétrole vénézuélien est réautorisé pour une durée de six mois, qui pourra être renouvelée si le Venezuela respecte les engagements pris dans le cadre de l’accord électoral. Les transactions dans le secteur aurifère sont également réautorisées pour réduire les échanges d’or sur le marché noir. Cependant, l’interdiction concernant le marché primaire, c’est-à-dire les titres de dette nouvellement émis par le gouvernement vénézuélien, reste en vigueur. Par ailleurs, le gel des avoirs vénézuéliens et d’autres sanctions restent en place.
Ces mesures ont été prises après l’accord conclu mardi entre le gouvernement et l’opposition vénézuéliens lors de négociations à la Barbade. Cet accord prévoit la tenue d’une élection présidentielle au second semestre 2024. Washington s’est félicité de cette avancée dans un communiqué. L’opposition vénézuélienne n’a pas reconnu la réélection du président Nicolas Maduro en 2018, considérée comme frauduleuse par de nombreux pays. En 2019, les États-Unis et une partie de la communauté internationale avaient reconnu Juan Guaido, chef de l’opposition, comme président par intérim. Cependant, l’opposition a mis fin à cette présidence intérimaire en janvier, estimant qu’elle n’avait pas atteint ses objectifs de changement politique.