Mamadou Diallo condamné en appel à 16 ans de réclusion : Un rebondissement choquant dans l'affaire du meurtre de la postière
4 minutesMamadou Diallo condamné en appel à 16 ans de réclusion pour le meurtre d’une postière dans l’Ain
Le rebondissement final dans une affaire qui n’a pas manqué d’émouvoir l’opinion publique. Quinze ans après les faits, Mamadou Diallo, un brancardier de 34 ans, a été condamné en appel à 16 ans de réclusion pour le meurtre de Catherine Burgod, une postière de 41 ans, dans l’Ain. Un verdict qui contraste avec son acquittement prononcé lors du premier procès.
Un meurtre volontaire lors d’un vol
La cour d’assises du Rhône a reconnu Mamadou Diallo coupable d’avoir volontairement tué Catherine Burgod. En décembre 2008, la victime avait été retrouvée poignardée dans la petite agence postale de Montréal-la-Cluse, lors d’un vol. Après plus de trois heures de délibéré, le verdict est tombé et l’accusé a réagi en plongeant la tête dans les mains. Sa famille et ses proches, effondrés, ont manifesté leur désespoir.
L’avocate de Mamadou Diallo, Me Sylvie Noachovitch, a dénoncé cette condamnation comme une “terrible erreur judiciaire”. Selon elle, la loi stipule que le doute doit bénéficier à l’accusé, et elle annonce que son client se pourvoira en cassation. Elle estime que la décision a été influencée par le désir d’apaiser les victimes, en mettant un nom sur ce crime.
La fin d’un combat pour les parties civiles
Pour les parties civiles, représentées par Me Jean-François Barre, c’est la fin d’un combat qui a duré quinze ans. “On ne se satisfait jamais d’un homme qui part en prison. Le combat de la famille, c’était la culpabilité, la peine appartient à la société”, a-t-il déclaré après le verdict.
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, Mamadou Diallo avait lancé : “Je remets ma vie entre vos mains”. Toujours clamant son innocence, il avait été acquitté en 2022 “au bénéfice du doute”. Son avocate avait plaidé pour le même dénouement. L’avocat général avait quant à lui requis 30 ans de réclusion, soulignant que Mamadou Diallo n’était pas un coupable par substitution venant par hasard.
Le doute persiste autour du dossier de l’accusé
L’avocat de la défense a vivement dénoncé la fragilité du dossier lors de sa plaidoirie. “Qui aujourd’hui peut dire qu’il n’a pas de doute ?” a-t-il demandé. Selon lui, il est injuste de condamner un innocent pour satisfaire le chagrin d’une famille. Il a également avancé une autre version des faits, mettant en cause la culpabilité de l’acteur Gérald Thomassin, qui était devenu marginal et dont la notoriété avait contribué à médiatiser l’affaire.
Une hypothèse rejetée par l’avocat général
L’avocat général a consacré la première partie de son réquisitoire à “crucifier” cette hypothèse impliquant l’acteur Gérald Thomassin, connu pour sa toxicomanie et habitant en face de l’agence postale. Selon lui, l’acteur avait longtemps été considéré comme le “coupable idéal”. En effet, Gérald Thomassin avait été mis en examen après des déclarations troublantes et des discussions téléphoniques pouvant être interprétées comme des aveux, après avoir été récompensé pour son rôle dans un film de Jacques Doillon, Le Petit Criminel.
Un nouveau rebondissement avec l’ADN de Mamadou Diallo
En 2017, l’enquête a pris un nouveau tournant lorsque l’ADN retrouvé sur la scène de crime a été identifié comme celui de Mamadou Diallo. Cet ADN avait été relevé dans le cadre d’une affaire de carte bleue volée qui avait finalement été classée sans suite. Depuis son arrestation, Mamadou Diallo affirme avoir découvert le corps et volé de l’argent avant de quitter les lieux, en état de choc, sans appeler les secours. Quant à Gérald Thomassin, il a disparu en 2019 et a bénéficié d’un non-lieu.
Pour l’avocate de Mamadou Diallo, l’immaturité, la personnalité et la honte ressentie par son client rendent impossible la responsabilité dans ce crime. Elle a, en revanche, décrit Gérald Thomassin comme “déséquilibré” et ayant déjà été condamné. Elle a critiqué un dossier qui ne tient pas, soulignant notamment que l’arme du crime n’a pas été retrouvée et que l’ADN de M. Diallo ne se trouvait pas sur le corps de la victime. Elle a également évoqué un comportement cohérent avec un choc traumatique.
L’avocat général, quant à lui, estime que la version du vol simple ne peut expliquer la réalité et que Mamadou Diallo est le seul à laisser des traces de lui à des endroits incriminants. Malgré les convictions de la famille et des proches du prévenu, qui affirment son innocence et le décrivent comme quelqu’un de gentil, empathique et jovial, l’avocat général a rétorqué que “les braquages qui tournent mal, ça arrive”.