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Le vainqueur des élections législatives en Slovaquie crée une coalition avec l'extrême droite : quelles conséquences pour le pays ?
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Le vainqueur des élections législatives en Slovaquie crée une coalition avec l'extrême droite : quelles conséquences pour le pays ?

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Le vainqueur des élections législatives en Slovaquie crée une coalition avec l’extrême droite

Le parti du candidat populiste, qui s’oppose à l’aide militaire à l’Ukraine et est considéré comme prorusse, arrive en tête des suffrages avec près de 23% des voix, devançant ainsi le parti centriste qui obtient 18% des suffrages.

Un accord de coalition entre le parti national-populiste et les partis d’extrême droite

Robert Fico, président du parti national-populiste Smer-SD et vainqueur des élections législatives, a annoncé la création d’une future coalition avec les partis d’extrême droite SNS et de gauche HLAS-SD. Il déclare : “Nous nous sommes mis d’accord pour former un gouvernement ensemble”, ajoutant que cet accord de coalition est la base sur laquelle ils souhaitent conclure rapidement.

Une nouvelle politique étrangère pour la Slovaquie

Agé de 59 ans, Robert Fico a centré sa campagne sur la promesse d’aligner la politique étrangère de la Slovaquie sur celle de la Hongrie voisine. Son programme, qui rejette l’aide militaire à l’Ukraine et s’oppose aux sanctions européennes contre la Russie, vise à normaliser les relations avec Moscou. Malgré cela, Fico assure que son pays restera membre de l’Union européenne et de l’OTAN. Cependant, ce retour au pouvoir mettra fin à la politique pro-occidentale du gouvernement sortant, qui avait même fourni des avions de combat à l’Ukraine.

Selon le Kremlin, qualifier le Smer-SD de “prorusse” est “absurde”.

Président russe critique les accusations de prorusse

Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a critiqué les accusations selon lesquelles tout homme politique qui défend les intérêts de son pays est considéré comme prorusse. Il a qualifié cette affirmation d’absurde.

Une campagne marquée par les provocations et les « fake news »

La campagne électorale a été marquée par les provocations violentes du camp Fico, avec un vice-président du Smer-SD qui a frappé un adversaire. De plus, des « fake news » ont été abondamment propagées sur les réseaux sociaux. Lubos Blaha, principal lieutenant de Robert Fico et qui avait été banni de Facebook pour avoir propagé des mensonges pendant l’épidémie de Covid-19, a continué à répandre des messages prorusses sur d’autres réseaux sociaux ou avec d’autres comptes Facebook. La commissaire européenne chargée de la transparence, Vera Jourova, a qualifié cette campagne de « désinformation sans précédent », avec une « inondation de l’espace d’information provenant de l’extrême droite, mais aussi de sources pro-Kremlin ».

Utilisation inédite de deep fake et arrivée subite de migrants

La campagne a également été marquée par l’utilisation inédite de deep fake contre le camp libéral, avec la diffusion de fausses discussions générées par l’intelligence artificielle pour décrédibiliser son candidat. De plus, des comptes propageant des messages anti-occidentaux ont affiché des narratifs opposés aux droits des LGBT+ ou aux migrants, deux sujets abondamment discutés par Robert Fico. Parallèlement, des dizaines de milliers de migrants, principalement syriens, sont subitement arrivés sur le territoire slovaque quelques semaines seulement avant le scrutin. Alors qu’auparavant, ces migrants cherchaient à rejoindre l’Allemagne ou l’Autriche après avoir traversé la Hongrie, ils ont changé de route pour passer par la Slovaquie depuis fin août. Les autorités n’ont pas réussi à expliquer ce changement de trajet, mais plusieurs responsables politiques slovaques proeuropéens ont accusé le premier ministre hongrois Viktor Orban d’avoir cherché à influencer les élections. Cependant, Budapest a nié ces accusations.

Retour sur la démission de Robert Fico en 2018

Il est important de rappeler que Robert Fico avait été contraint de démissionner de son poste de premier ministre en 2018 suite aux manifestations nationales qui ont suivi le meurtre du journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa fiancée, Martina Kusnirova. Jan Kuciak avait révélé des liens entre la Mafia italienne et le gouvernement Fico dans son dernier article publié à titre posthume.