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« Deux anciens responsables rwandais jugés à Bruxelles pour « crime de génocide » : Un procès historique met en lumière les anciennes campagnes anti-tutsi »
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Deux anciens responsables rwandais jugés à Bruxelles pour « crime de génocide »

Deux anciens responsables rwandais, Séraphin Twahirwa et Pierre Basabose, seront jugés à partir du lundi 9 octobre à Bruxelles. Ce procès marque le sixième procès d’assises en Belgique lié au génocide des Tutsi, qui a causé la mort d’au moins 800 000 personnes selon l’ONU, entre avril et juillet 1994.

Des accusés aux profils suspects

Séraphin Twahirwa, âgé de 65 ans, et Pierre Basabose, âgé de 76 ans, se sont réfugiés en Belgique, ancienne puissance coloniale où vit une importante communauté rwandaise. Cependant, ils ont été arrêtés en septembre 2020 suite à des mandats d’arrêt internationaux émis au Rwanda. Les services de l’immigration belges ont également alerté le parquet fédéral belge sur leur profil suspect.

Des rôles clés dans les campagnes anti-tutsi

Ces deux anciens responsables, proches de l’ex-couple présidentiel Habyarimana, étaient activement impliqués dans les campagnes anti-tutsi du début des années 1990, selon des témoins de l’enquête. Séraphin Twahirwa est accusé d’avoir dirigé une milice d’Interahamwe à Kigali, responsable de nombreux meurtres entre avril et juillet 1994. Il est également accusé de douze viols perpétrés sur des femmes tutsi.

Quant à Pierre Basabose, qui a obtenu le statut de réfugié politique en Belgique, il est soupçonné d’avoir été un financier des miliciens hutu. L’accusation affirme que cet ancien militaire, devenu un riche entrepreneur, fournissait en argent et en armes les Interahamwe, profitant de ses liens avec le parti et l’entourage du président Juvénal Habyarimana. Il était également un des actionnaires de la Radio-télévision libre des Mille collines, célèbre pour avoir diffusé des appels au meurtre des Tutsi pendant le génocide.

La Belgique engage un nouveau procès pour le génocide au Rwanda

Réclamés aussi par le Rwanda, les deux hommes sont jugés en Belgique au titre de la « compétence universelle » des tribunaux belges pour les crimes de droit international humanitaire commis à l’étranger. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Un procès historique devant la cour d’assises de Bruxelles

L’audience devant la cour d’assises de Bruxelles devait s’ouvrir ce lundi à 9 heures. Elle est programmée sur deux mois à raison de quatre jours de débats par semaine, du lundi au jeudi. La Belgique, qui a déjà organisé depuis 2001 cinq procès liés à ce génocide, accueille à nouveau un procès historique.

Comme lors du dernier en date, celui du haut fonctionnaire rwandais Fabien Neretsé, condamné en 2019 à vingt-cinq ans de prison, deux figures du barreau belge vont s’opposer pendant ce procès. Il s’agit de l’avocat Jean Flamme, sur les bancs de la défense, et de Michèle Hirsch, du côté des parties civiles, qui plaidera pour plusieurs victimes.

Des avocats engagés dans la poursuite des génocidaires

« La Belgique est pionnière dans la poursuite des génocidaires et ces procès sont toujours historiques », a déclaré à l’AFP Me Hirsch, qui a été de tous ces procès « rwandais » à Bruxelles. En juin, lors d’une audience préliminaire, Me Flamme, qui défend Pierre Basabose, avait réclamé la nullité des poursuites, arguant du fait que son client, septuagénaire, souffre de démence et ne serait pas capable de participer à son procès. L’avocat a été débouté, mais le sujet pourrait resurgir à l’ouverture du procès.