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Corse : Le FLNC revendique une série d'explosions, menaçant la sécurité et l'unité de l'île

Corse : Le FLNC revendique une série d'explosions, menaçant la sécurité et l'unité de l'île

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Corse : le FLNC revendique une série d’explosions dans toute l’île, le Parquet national antiterroriste ouvre une enquête

Le Front de libération nationale corse (FLNC) a reconnu être derrière les vingt explosions qui ont eu lieu dans toute la Corse dans la nuit de dimanche à lundi. Les cibles de ces attaques étaient principalement des résidences secondaires, des villas en construction et même un ancien centre des impôts. Heureusement, aucune victime n’a été signalée.

Des attaques revendiquées par le FLNC

Dans un message de revendication adressé au quotidien Corse-Matin, le FLNC justifie ces attaques en déclarant qu’il n’a pas de « destin commun » avec la France. Le message se termine par le slogan « A Francia fora » (« La France dehors ») en langue corse. Il est important de noter que cette revendication est signée par les deux mouvements clandestins du FLNC, à savoir le FLNC-Union des combattants et le FLNC 22-octobre, qui étaient autrefois rivaux.

Une enquête ouverte par le Parquet national antiterroriste

Les attaques ont eu lieu de manière quasi simultanée entre 22h30 et 22h45 dans plusieurs villages autour d’Ajaccio, tels que Bastelicaccia, Tavaco, Vico, Villanova et Vignanello, selon les informations fournies par le parquet d’Ajaccio. Une autre explosion a également visé l’ancien centre des impôts d’Ajaccio à 23h40. En Haute-Corse, cinq lotissements en construction ont également été touchés par des explosions, notamment au sud de Bastia, à Lucciana, dans le cap Corse, à Erbalunga et en plaine orientale, à Santa-Lucia-di-Moriani. Heureusement, aucune blessure n’a été signalée.

Suite à ces événements, une enquête a été ouverte pour destruction par moyens dangereux et transports d’explosifs. Celle-ci est confiée conjointement à la section de recherche de la gendarmerie et à la police judiciaire. De plus, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a également ouvert une enquête concernant les vingt-deux explosions et la revendication du FLNC. Cette enquête vise notamment les chefs d’accusation de « participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’une destruction par substances explosives ou incendiaires susceptible d’entraîner la mort et d’un acte de terrorisme, destruction par moyen dangereux pour les personnes en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste ainsi que tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », détaillé le parquet.

Recrudescence d’incendies criminels et d’explosions en Corse

La Corse est actuellement confrontée à une recrudescence de crimes, notamment des incendies criminels et des explosions, ciblant principalement des résidences secondaires. Ces actes sont souvent accompagnés de tags nationalistes et ont été revendiqués par différents groupes, dont le Front de libération nationale de la Corse (FLNC) et le Ghjuventù clandestina corsa (GCC), un mouvement clandestin de jeunesse corse.

Le FLNC appelle à la résistance patriotique

Dans un communiqué diffusé au début du mois d’août, le FLNC a revendiqué 16 attentats, dont 11 en 2023 et cinq en 2022 et 2021. Le mouvement a appelé à la création d’une « plate-forme de résistance patriotique » pour faire face à ce qu’il qualifie de « colonisation de peuplement disproportionnée » et de « processus de destruction du peuple corse ». Le FLNC évoque diverses actions symboliques telles qu’un agent immobilier qui prioriserait les dossiers des patriotes, des employeurs favorisant l’embauche de candidats corses, des Corses préférant vendre leurs terres à des jeunes couples du village, ainsi que ceux qui chercheraient d’autres sources de revenus plutôt que de louer frénétiquement leurs biens sur Airbnb.

Augmentation des enquêtes criminelles et terroristes en Corse

Selon une source judiciaire, cinquante enquêtes liées à des incendies criminels ou des destructions diverses ont été ouvertes en août, en lien avec la situation en Corse. Depuis le début de l’année, le Parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert vingt-deux enquêtes, contre seulement trois en 2021 et quatre en 2020. À la même date, le pôle antiterroriste au tribunal de Paris était chargé de quatorze dossiers en lien avec le terrorisme corse. Ces chiffres témoignent de l’importante attention portée par les autorités judiciaires à la situation en Corse.

La dernière « nuit bleue » de ce genre remonte à mars 2019, lorsque des incendies et des explosions ont causé d’importants dégâts dans sept habitations en Corse-du-Sud et en Haute-Corse. Deux suspects principaux ont été condamnés à six ans de prison ferme en avril 2022 par le tribunal judiciaire de Paris. Même en l’absence de revendication explicite, la procureure avait alors qualifié ces actes de « terroristes », soulignant la gravité de la situation.