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Le gouvernement menace les retraites complémentaires : les syndicats et le patronat résistent !

Le gouvernement menace les retraites complémentaires : les syndicats et le patronat résistent !

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Les retraites complémentaires revalorisées de 4,9 % au 1er novembre

Dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 octobre, les syndicats de salariés et le patronat ont réussi à trouver un accord sur la revalorisation des retraites complémentaires. Cette hausse, fixée à 4,9 %, sera appliquée dès le 1er novembre et correspondra à l’inflation. Cette décision intervient dans un contexte de mécontentement général envers le gouvernement, qui souhaite prélever des fonds sur le régime Agirc-Arrco, géré conjointement par les syndicats de salariés et le patronat.

Un accord trouvé entre les partenaires sociaux

Trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) et cinq syndicats représentatifs (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE CGC) se sont réunis dans la nuit pour convenir des règles de pilotage applicables à partir du 1er novembre pour la période 2023-2026. Cet accord prévoit également la suppression du “malus”, une décote temporaire de 10 % appliquée depuis 2019 sur les pensions de nombreux retraités, malgré le fait qu’ils aient réuni toutes les conditions légales pour partir à la retraite. Cette suppression entrera en vigueur dès le 1er décembre pour les nouveaux retraités, puis progressivement à partir d’avril pour tous les retraités concernés. Bien que plusieurs organisations n’aient pas encore donné leur accord final sur cet accord, elles le considèrent dans l’ensemble comme “équilibré”.

Le refus du gouvernement de ponctionner le système de retraite

L’Agirc-Arrco, géré par les partenaires sociaux, verse chaque année plus de 87 milliards d’euros à 13 millions de retraités. Cette part complémentaire représente entre 20 % et 60 % de la pension totale, selon les cas. Avant même le début de la réunion, les partenaires sociaux étaient déjà unis dans leur opposition à l’idée que le gouvernement préleve des fonds sur le régime. Michel Beaugas, négociateur de FO, considère cette proposition comme un “détournement de fonds” et affirme que tous les participants sont déterminés à résister à cette ponction. Christelle Thieffinne de la CFE-CGC a résumé cette résistance en déclarant : “On résiste tous. On refuse de signer un chèque au gouvernement”.

L’exécutif réclame de 1 à 3 milliards annuels à l’Agirc-Arrco

L’exécutif réclame une somme allant de 1 à 3 milliards d’euros par an à l’Agirc-Arrco, d’ici à 2030. Dans un premier temps, cette demande a été présentée comme une participation au relèvement du minimum contributif prévu par la réforme des retraites. Finalement, il s’agit d’un devoir de “solidarité” entre régimes pour assurer un “retour à l’équilibre” global. À défaut d’obtenir satisfaction, le gouvernement menace de puiser directement dans les caisses de l’Agirc-Arrco.

Les syndicats craignent pour la santé financière de l’Agirc-Arrco

Les syndicats affirment que cette ponction mettrait en péril l’Agirc-Arrco et réduirait sa capacité à augmenter les pensions. Une source proche du dossier estime qu’un milliard d’euros équivaut à une revalorisation de 1,1%. Le régime est également soumis à une règle d’or qui oblige à conserver six mois de versements d’avance en réserve, sur une période de quinze ans. Face à cette situation, Denis Gravouil de la CGT estime que “l’heure est grave” et qu’il est essentiel de trouver un accord pour éviter la disparition de l’Agirc-Arrco.

Le Medef s’inquiète de l’intervention de l’État dans la gestion de l’Agirc-Arrco

Dans une déclaration aux Les Échos, le président du Medef, Patrick Martin, exprime son soutien à la “liberté des corps intermédiaires” et refuse que l’État intervienne dans la gestion de l’Agirc-Arrco. Il craint que l’État ne répète les erreurs commises dans la gestion de l’Unédic. Face à la résistance et à l’unité des acteurs impliqués, le gouvernement pourrait rencontrer des difficultés pour obtenir une majorité en faveur de cette intervention.