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Jean-Luc Mélenchon au Maroc : Un retour tant attendu pour renouer avec la gauche marocaine
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Jean-Luc Mélenchon au Maroc : Un retour tant attendu pour renouer avec la gauche marocaine

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Jean-Luc Mélenchon en visite au Maroc pour « écouter et apprendre », pas pour « donner des leçons »

Le fondateur de La France insoumise est attendu à partir de mercredi dans le royaume pour une tournée de six jours. Objectif : renouer le dialogue avec la gauche marocaine. Mais la crise entre Paris et Rabat plane sur ce voyage.

Une visite attendue depuis longtemps

« Cela fait dix ans que Jean-Luc n’est pas venu au Maroc », répètent les proches du fondateur de La France insoumise (LFI), qui doit effectuer, du mercredi 4 au lundi 9 octobre, une tournée à Marrakech, Casablanca, Rabat et Tanger. Cette visite programmée « depuis plus d’un an », selon Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), va permettre à l’ancien candidat à la présidentielle de s’éloigner de Paris alors qu’une de ses proches, la députée Sophia Chikirou, se trouve au cœur de plusieurs articles de presse et d’une enquête judiciaire portant notamment sur des soupçons d’« escroquerie aggravée ».

Des échanges et des rencontres prévues

Mercredi, Jean-Luc Mélenchon devrait se rendre dans la province d’Al-Haouz, au sud de Marrakech, particulièrement touchée par le séisme survenu le 8 septembre, qui a fait plus de 3 000 morts. Dans la commune d’Amizmiz, au pied du Haut Atlas, il est censé assister à la reprise des classes sous tente et échanger avec des habitants, des responsables locaux et des représentants d’associations.

La tournée de M Mélenchon doit se poursuivre jeudi à Casablanca, où est organisée une conférence sur son dernier livre, Faites mieux ! Vers la Révolution citoyenne, au cours de laquelle il évoquera la coopération des pays de la Méditerranée, notamment dans le domaine de l’eau. Une rencontre est prévue à Rabat, le lendemain, avec des élus et la mairesse de Marrakech. Un entretien officiel avec le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, sera « peut-être également à l’ordre du jour », indique Nabil Benabdellah.

Dimanche et lundi, M Mélenchon devrait enfin se rendre à Tanger, où il est né en 1951 et a vécu jusqu’à ses 11 ans. Mais cette partie du séjour est « strictement privée », relèvent ses proches.

Une visite marquée par l’esprit de partage

Même si « la lutte contre le refroidissement des relations diplomatiques entre la France et le Maroc » fait partie des objectifs officiels de la visite, l’entourage de M Mélenchon insiste pour évacuer sa portée politique, évoquant plutôt un séjour marqué par « l’esprit de partage » et le caractère « affectif » de ce retour au pays natal. « Jean-Luc vient pour écouter et apprendre », précise Farida Amrani. « Il ne vient pas pour donner des leçons », glisse son attachée de presse. Une modestie affichée qui tranche avec le reproche de « paternalisme » adressé au président Emmanuel Macron par nombre d’observateurs au Maroc.

Jean-Luc Mélenchon met en garde contre l’assomption des actes de Macron

Dans une interview accordée à LCI dimanche dernier, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a clairement indiqué qu’il n’a pas l’intention d’assumer la responsabilité des actes du président Emmanuel Macron. Mélenchon bénéficie d’une perception plutôt positive au Maroc en raison de ses liens avec le pays et de ses éloges envers les Marocains, saluant notamment leur “force” après le séisme et les “performances” du royaume dans la lutte contre le Covid-19.

Lors du premier tour de l’élection présidentielle française en avril 2022, Mélenchon est arrivé en tête des suffrages exprimés par les Français résidant au Maroc, avec près de 17 000 votes sur les 53 000 électeurs inscrits.

La question épineuse du Sahara occidental

Mélenchon est attendu sur un dossier qui empoisonne les relations entre la France et le Maroc : le Sahara occidental. Le magazine Telquel titrait le 29 septembre dernier : “Va-t-il rompre le soutien de son parti au Front Polisario ?”. Le magazine rappelait la participation en octobre 2019 de Mathilde Panot, alors vice-présidente du groupe France Insoumise à l’Assemblée nationale, à une manifestation du mouvement indépendantiste sahraoui à Paris. La question, posée à son entourage, suscite un certain embarras.

En mai dernier, lors de sa visite au Maroc, Eric Ciotti, président des Républicains, avait déclaré que “la souveraineté du Maroc est indiscutable” concernant le Sahara occidental. Mélenchon adoptera-t-il la même position ? Selon Mohamed Zidouh, membre du conseil national du parti de l’Istiqlal et président du groupe d’amitié Maroc-France à la Chambre des conseillers, la position du gouvernement français et du chef de l’État sont plus déterminantes que celle de Mélenchon ou de son parti.

Une visite d’État d’Emmanuel Macron au Maroc toujours en suspens

La visite au Maroc du fondateur de la France Insoumise soulève une autre question : quand Emmanuel Macron effectuera-t-il sa première visite officielle au Maroc ? Ironie du destin, la visite de François Hollande en avril 2013 avait eu lieu quelques semaines après le passage de Jean-Luc Mélenchon à Rabat, alors leader du Parti de gauche. Six ans après son élection, le président de la République attend toujours son tour.