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Ingérence étrangère : Arrestation de deux personnalités françaises dans une affaire de corruption et de trafic d'influence

Ingérence étrangère : Arrestation de deux personnalités françaises dans une affaire de corruption et de trafic d'influence

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Ingérence étrangère : Mise en examen de Jean-Pierre Duthion et Nabil Ennasri

Dans le cadre d’une information judiciaire portant sur des soupçons de corruption ou de trafic d’influence avec des personnalités françaises, le lobbyiste Jean-Pierre Duthion et le politologue spécialiste du Qatar Nabil Ennasri ont été mis en examen après quarante-huit heures de garde à vue. Cette information provient d’une source judiciaire citée par l’Agence France-Presse.

Placement en détention provisoire et sous contrôle judiciaire

Nabil Ennasri a été placé en détention provisoire tandis que Jean-Pierre Duthion a été placé sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du parquet national financier (PNF). Deux juges d’instruction vont désormais prendre en charge cette affaire et disposeront de moyens d’investigation étendus, y compris à l’international.

Soupçons d’ingérence étrangère et autres infractions

Les soupçons d’ingérence étrangère en France, notamment de la part du Qatar, sont au coeur de cette affaire. L’information judiciaire porte également sur d’autres infractions telles que la corruption active et passive d’une personne privée, le trafic d’influence, l’abus de confiance, le blanchiment d’argent, le blanchiment de fraude fiscale, le non-respect des obligations de communication à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) par un représentant d’intérêt, ainsi que le travail dissimulé.

Il convient de souligner que le Qatar n’est pas le seul pays soupçonné d’ingérence. L’enquête porte également sur deux épisodes et leurs éventuelles contreparties. Le premier concerne le travail de l’ex-journaliste de BFM-TV, Rachid M’Barki, qui aurait diffusé des brèves illustrées en images dans ses journaux de la nuit, traitant notamment des oligarques russes, du Qatar ou du Sahara occidental. M. M’Barki a été licencié en février par Altice, propriétaire de cette chaîne, qui a déposé plainte. Le journaliste a admis avoir diffusé des images fournies par Jean-Pierre Duthion, mais a déclaré n’avoir jamais eu l’impression de travailler pour quelqu’un cherchant à manipuler l’information.

Le deuxième épisode concerne l’intervention à l’Assemblée nationale de l’élu écologiste Hubert Julien-Laferrière. À la demande du lobbyiste, il avait fait la promotion du LimoCoin, une cryptomonnaie qui s’est révélée être une escroquerie. Les perquisitions ont été réalisées au domicile de M. Duthion et au bureau du député à l’Assemblée le 27 septembre.

Un parlementaire nie toute influence d’un lobby

Dans un communiqué publié en février, le parlementaire a fermement rejeté les allégations selon lesquelles il serait “au service” de M Duthion ou de tout autre lobby. Il a cependant admis une “erreur manifeste d’appréciation” concernant “l’épisode des crypto-monnaies”.

Les soupçons d’influence en faveur du Qatar

Les enquêteurs s’intéressent également au rôle potentiel de M Ennasri, auteur de plusieurs ouvrages sur le Qatar, en tant qu’agent d’influence au profit de la monarchie qatarie, notamment lors de la Coupe du monde de football, selon le journal Le Parisien. L’avocat de M Ennasri a déclaré à l’AFP que son client “fait usage de son droit au silence” pour le moment.

Les activités de désinformation et de manipulation d’opinions révélées par l’enquête

Une enquête internationale menée par le collectif de journalistes Forbidden Stories, avec la contribution de BFM-TV, Radio-France et Le Monde, a conduit à l’ouverture de cette procédure par le PNF. Elle a mis en lumière les activités de la société israélienne “Team Jorge”, spécialisée dans la désinformation au profit de différents clients, y compris des États. Cette enquête a également dévoilé les pratiques de manipulation de l’opinion publique et de diffusion de fausses informations par d’autres entreprises.

Dans le cadre de cette enquête, trois journalistes du consortium Forbidden Stories ont pu infiltrer des officines vendant des outils d’influence en se faisant passer pour des intermédiaires d’un potentiel client français. Une révélation majeure de l’enquête a été la découverte de l’existence de “Team Jorge”, une société israélienne se vantant de son ingérence dans plusieurs dizaines d’élections à travers le monde. Elle offre à ses clients des services illégaux allant du piratage de boîtes e-mail et de messageries privées de leurs adversaires à la diffusion massive de campagnes d’influence via un vaste réseau de faux comptes sur les réseaux sociaux.