Madagascar : L'opposition brave la répression et défie le président sortant à un mois de la présidentielle
3 minutesMadagascar : l’opposition descend dans la rue à un mois de la présidentielle
Lundi 2 octobre, les candidats au scrutin qui remettent en question l’éligibilité du président sortant, Andry Rajoelina, en raison de sa nationalité française, ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogènes. Cette répression vient aggraver la crise dans laquelle se trouve Madagascar.
Répression violente et nécessité de négociations
Andry Raobelina, l’un des onze candidats de l’opposition qui s’opposent à Andry Rajoelina, a été victime de tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc lors de la manifestation organisée pour protester contre le refus du président sortant d’engager des négociations en vue de l’organisation d’élections libres et transparentes avant le premier tour de la présidentielle, prévu pour le 9 novembre. Rivo Rakotovao, ancien président du Sénat et président du parti HVM, a également été légèrement blessé.
Un climat politique délétère
Le gouvernement collégial en place pour assurer l’intérim jusqu’aux élections avait déployé un important dispositif policier et de gendarmerie dans le centre de la capitale pour empêcher l’opposition d’organiser cette manifestation qui avait été interdite au préalable. Depuis plusieurs mois, le climat politique ne cesse de se détériorer avec des restrictions imposées à l’opposition, notamment l’interdiction des réunions politiques en plein air. Parallèlement, la révélation de la nationalité française d’Andry Rajoelina en juin dernier a provoqué des contestations sur sa légitimité à se présenter à l’élection présidentielle. Malgré les recours déposés devant la justice, toutes les contestations ont été jugées irrecevables, alimentant davantage la tension politique dans le pays.
Sources :
La nationalité du président sortant, point d’affrontement majeur
La nationalité du président sortant constitue désormais le point d’affrontement majeur dans l’offensive lancée contre lui. La refonte chaotique de la liste électorale et les suspicions de possibles fraudes ont alimenté la défiance envers la Commission électorale nationale indépendante. La nomination d’un “gouvernement collégial” dirigé par le premier ministre, Christian Ntsay, a été perçue comme l’affront de trop de la part de la HCC, conduisant à une accusation de “coup d’Etat institutionnel” portée par l’opposition.
Le rôle de l’armée, une grande inconnue
Le Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes de Madagascar (FFKM) continue de rechercher un compromis pour éviter une nouvelle période d’instabilité. Cependant, le rôle que pourrait jouer l’armée reste la grande inconnue. Les récents coups d’Etat en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale suscitent des discussions au sein de la hiérarchie militaire. Un texte signé par le colonel Charles Andrianasoavina circulait pour demander le “retour à l’ordre constitutionnel” et la mise en place d’un “tribunal électoral suprême” si les négociations n’aboutissent pas à ramener le calme. Ce gradé a joué un rôle déterminant dans le renversement de Marc Ravalomanana par Andry Rajoelina en 2009 et conserve l’influence sur les sous-officiers.
Les candidats de l’opposition prêts à se rassembler à nouveau
Malgré les risques, les candidats de l’opposition ont décidé de se rassembler à nouveau le mardi 3 octobre. Ils entendent se rendre sur la place du 13-Mai, lieu symbolique où l’histoire du pays a été changée par le passé. Hajo Andrianainarivelo, président du parti MMM et membre de la coalition des 11, affirme : “Jusqu’à ce que nous soyons entendus, nous y retournerons demain et les jours suivants”.