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L'armée malienne se lance dans une périlleuse opération pour reconquérir Kidal, bastion de la rébellion touareg
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L'armée malienne se lance dans une périlleuse opération pour reconquérir Kidal, bastion de la rébellion touareg

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L’armée malienne lance une opération vers la région de Kidal

L’armée malienne a récemment initié une opération majeure en direction de la région de Kidal, considérée comme le fief de la rébellion touareg. Selon deux responsables sécuritaires maliens et une source occidentale basée à Bamako, un convoi d’environ cent véhicules a quitté la ville de Gao tôt le matin du lundi 2 octobre.

Le réaménagement des forces armées dans le nord

Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un réaménagement stratégique des forces armées dans le nord du pays. Dans le but de redéployer ses troupes dans la région nord-est de Kidal, un responsable militaire malien a déclaré à l’AFP : “Dans le cadre du réaménagement de notre dispositif dans le nord, nous avons commencé le redéploiement de nos forces dans la région nord-est de Kidal”. Le convoi a quitté Gao, située à environ 300 km au sud-ouest de Kidal, et se trouve actuellement arrêté sur la route à plusieurs dizaines de kilomètres au nord de Gao.

Un enjeu majeur de souveraineté

Cette initiative intervient à un moment où le nord du Mali est le théâtre d’une recrudescence des hostilités de la part des groupes armés séparatistes, composés principalement de Touaregs, ainsi que de l’intensification des attaques djihadistes contre l’armée malienne. La reconquête de Kidal revêt une importance majeure pour Bamako, en termes de souveraineté territoriale, et constitue un motif d’irritation depuis longtemps. Même la junte au pouvoir depuis 2020 considère le rétablissement du contrôle étatique sur tout le territoire comme une priorité.

Kidal occupe une place singulière sur le plan géographique, politique et social au Sahel. Elle est une étape cruciale entre le Mali et l’Algérie, à plus de 1 500 km et vingt-quatre heures de route de Bamako, et est également éloignée de plusieurs centaines de kilomètres des autres grandes villes du nord, Gao et Tombouctou. Contrairement aux autres régions, Kidal n’est pas sous la gouvernance de l’État central et est régie par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), une alliance de groupes armés à dominante touareg.

##La situation sécuritaire à Kidal : une ville sous le contrôle des rebelles depuis 2013

La région de Kidal, dans le nord du Mali, a été l’une des premières à tomber aux mains des rebelles en 2012. Ces rebelles, composés à la fois de groupes indépendantistes et de salafistes, ont ensuite été évincés par les séparatistes en 2013, suite à l’intervention de l’armée française. Depuis lors, Kidal est sous le contrôle des séparatistes, qui ont infligé une déroute à l’armée malienne lors de ses tentatives de reprise de la ville en 2014.

##Fragilité de l’accord de paix de 2015 face à la montée des djihadistes

En 2015, les groupes armés indépendantistes et autonomistes ont signé un accord de paix avec le gouvernement malien. Cependant, les djihadistes continuent de combattre l’armée malienne et la présence étrangère, et étendent leurs activités au centre du Mali ainsi qu’aux pays voisins tels que le Burkina Faso et le Niger. Cette situation contribue à plonger le Sahel dans une crise sécuritaire, humanitaire et politique profonde, remettant en question la validité de l’accord de paix de 2015.

##Le retrait de la mission de l’ONU et les revendications des séparatistes

La Minusma, mission de l’ONU au Mali, est actuellement en cours de retrait suite à la pression exercée par la junte au pouvoir. La Minusma a commencé à rétrocéder ses camps aux autorités maliennes. Cependant, les séparatistes estiment que les emprises onusiennes du nord du Mali devraient revenir sous leur contrôle, conformément aux accords passés. La mission de l’ONU doit encore libérer ses camps de Kidal, d’Aguelhok et de Tessalit d’ici à la fin de l’année. Le colonel Assimi Goïta, chef de la junte, a affirmé que l’État reprendrait le contrôle de tous les territoires qui lui échappent. La situation à Kidal reste donc précaire et l’avenir de cette ville incertain.