Egypte : Abdel Fattah Al-Sissi brigue un troisième mandat malgré une économie en crise et une opposition grandissante
4 minutesEgypte : Abdel Fattah Al-Sissi brigue sans surprise un troisième mandat à la présidence
Abdel Fattah Al-Sissi, président en exercice de l’Egypte, a officiellement annoncé sa candidature pour un troisième mandat à la présidence lors d’une conférence tenue lundi. Cette annonce survient après une période de dix ans de règne, au cours de laquelle il prétend avoir connu un succès continu. Malgré une crise économique persistante, Al-Sissi s’engage à poursuivre ses rêves avec un nouveau mandat.
Une candidature contestée dans un contexte difficile
L’élection présidentielle de décembre s’annonce ardue pour Abdel Fattah Al-Sissi, alors que l’Egypte fait face à de nombreux défis économiques. Malgré cela, le président sortant encourage tous les électeurs à voter, même s’ils ne choisissent pas de le soutenir.
Toutefois, la situation politique reste tendue, avec des candidats concurrents dénonçant des “attaques” contre leurs partisans. Des milliers de partisans d’Al-Sissi ont été transportés en bus vers les grandes villes pour manifester leur soutien, tandis que le discours du président était diffusé en direct.
Des candidatures d’opposition se multiplient malgré la répression
Bien que les experts ne doutent pas de la victoire d’Al-Sissi, des candidatures d’opposants continuent d’émerger, avec des critiques directes envers le président et l’armée puissante dont il est issu. C’est un phénomène inédit depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
Les proches de plusieurs leaders de partis historiques affirment avoir réuni les vingt signatures de députés nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle. Ahmed Al-Tantaoui, un ancien député connu pour ses critiques envers Al-Sissi, a choisi de collecter les signatures des citoyens. Il a besoin de 25 000 signatures pour valider sa candidature et parcourt actuellement le pays pour accompagner ses partisans dans la procédure d’enregistrement des signatures.
La campagne d’Al-Tantaoui est confrontée à des obstacles, avec des écoutes téléphoniques, des arrestations de partisans et le rejet de certaines signatures. Cependant, ses partisans continuent de manifester dans les rues, malgré l’interdiction des rassemblements publics depuis 2013. Ces actions, ainsi que ses interviews avec des médias indépendants et son engagement pour l’Etat de droit, marquent un tournant dans le débat public en Egypte.
M Sissi se soumet au vote pour la troisième fois
Le président égyptien, M Sissi, se soumet pour la troisième fois au vote, conformément à la Constitution qu’il a fait modifier en 2019 pour prolonger son mandat de quatre à six ans. Cependant, cette démarche suscite des inquiétudes quant à l’impact sur la population déjà confrontée à une inflation de 40 % et à une dévaluation de 50 %. S’adressant aux 105 millions d’Égyptiens, M Sissi a averti qu’ils devaient faire des “sacrifices” pour le développement et le progrès du pays.
Les réseaux sociaux s’enflamment face à ses déclarations controversées
Immédiatement après les déclarations de M Sissi, les réseaux sociaux égyptiens, où la population a longtemps été réticente à exprimer des critiques en raison des arrestations pour des publications en ligne, ont connu une explosion de réactions indignées. Les internautes ont rapidement dénoncé le fait que M Sissi propose la famine en guise de solution. Certains ont même exprimé leur indignation face à cette proposition inhabituelle qui semble promouvoir la privation et la faim comme prix à payer pour le développement du pays.
Polémique suite à des déclarations controversées
Dimanche, M Sissi a provoqué une nouvelle polémique en déclarant qu’il pourrait “détruire le pays” en utilisant des personnes pauvres pour mener des actions violentes. Cette déclaration a rappelé aux Égyptiens la répression violente qui a eu lieu lors de la “révolution” de 2011, lorsque le régime a mobilisé des hommes de main pour attaquer les manifestants. Cette nouvelle sortie de M Sissi suscite donc des inquiétudes quant à la sécurité et aux droits de l’homme dans le pays.
Les projets pharaoniques suscitent la colère des économistes
Alors que M Sissi affirme avoir vaincu le terrorisme et fait du développement sa priorité, les économistes critiquent le coût élevé des projets pharaoniques entrepris par le gouvernement. Ces projets comprennent la construction de villes nouvelles, dont la nouvelle capitale, des trains à grande vitesse, ainsi que des ponts et des routes. Cependant, selon les économistes, ces projets ont non seulement vidé les caisses de l’État, mais ont également entraîné une augmentation considérable de la dette nationale. Cette situation économique préoccupante soulève des interrogations quant à la gestion financière du pays sous le mandat de M Sissi.