Victoire du candidat pro-Pékin aux Maldives : un rapprochement stratégique avec la Chine en jeu
3 minutesPrésidentielle aux Maldives : victoire du candidat pro-Pékin, reconnue par le chef de l’Etat sortant
Le candidat pro-chinois Mohamed Muizzu remporte l’élection présidentielle aux Maldives face au président sortant pro-indien, Ibrahim Mohamed Solih. Avec 54,06% des voix, le vainqueur promet de réduire la dépendance de l’archipel envers l’Inde et de favoriser les liens avec la Chine.
Un rapprochement avec Pékin dans une région hautement stratégique
La victoire de Mohamed Muizzu pourrait engendrer un rapprochement avec Pékin dans une région hautement stratégique. Les Maldives, destination de luxe prisée par les touristes, se trouvent sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde, où l’influence de l’Inde et de la Chine est en rivalité.
Le vainqueur de la présidentielle, dont le parti s’est rapproché de Pékin durant le mandat de son mentor Abdulla Yameen, soutient les investissements de la Chine dans les pays en développement, notamment dans le cadre des “nouvelles routes de la soie”. Il avait également soutenu un projet de pont reliant la capitale au principal aéroport, financé par la Chine.
Un processus démocratique et pacifique malgré quelques incidents
Le taux de participation lors du second tour de l’élection présidentielle s’est établi à 85%. Malgré quelques incidents de violence électorale signalés par Transparency Maldives, l’organisme de surveillance, le processus démocratique s’est déroulé de manière pacifique. La police a annoncé l’arrestation de quatorze personnes pour violation des règles électorales. Le président sortant, Ibrahim Mohamed Solih, a félicité la population pour sa participation au processus démocratique.
Le nouveau président des Maldives réélu avec une victoire surprise
Le président Ibrahim Mohamed Solih, communément appelé M. Solih, a été réélu pour un nouveau mandat à la tête des Maldives lors d’une victoire surprise. Il a succédé à M. Yameen, actuellement en prison pour corruption et blanchiment d’argent. M. Solih avait vivement critiqué son prédécesseur pour avoir poussé le pays dans le piège de la dette chinoise en empruntant massivement pour des projets d’infrastructures.
Le rétablissement des relations avec l’Inde
Lors de son arrivée au pouvoir, M. Solih a rapidement agi pour rétablir les relations avec l’Inde. Il a invité le premier ministre indien, Narendra Modi, à assister à son investiture et a permis à l’Inde de renforcer sa présence militaire dans l’archipel. Cette action a été perçue comme une réponse à l’alarme de New Delhi face à l’influence grandissante de la Chine dans l’océan Indien.
Les enjeux de la réélection
Pendant la campagne pour sa réélection, M. Solih a axé sa campagne sur des questions locales telles que le logement. De son côté, le parti de M. Muizzu a centré le débat sur la diplomatie, critiquant le rapprochement du président Solih avec l’Inde. Le PPM, parti de M. Muizzu, ainsi que des groupes militants, ont organisé des manifestations demandant une réduction de l’influence indienne dans le pays.
Malgré cela, M. Muizzu a annoncé son intention de suivre la politique pro-Pékin de son mentor Yameen s’il revenait au gouvernement en 2023. Il a exprimé sa volonté d’établir des liens plus forts avec la Chine lors d’une réunion avec des membres du Parti communiste chinois l’an dernier.
Cependant, l’ancien ministre des affaires étrangères, Ahmed Shaheed, avait averti que le prochain président devrait trouver un équilibre entre les intérêts de l’Inde et de la Chine, soulignant que rejeter l’Inde serait préjudiciable pour le pays.