Une militante écologiste vietnamienne condamnée à trois ans de prison pour évasion fiscale : La répression du régime communiste met en péril les efforts de lutte contre le changement climatique
3 minutesUne militante écologiste vietnamienne condamnée à trois ans de prison
Hoang Thi Minh Hong, une militante écologiste de premier plan au Vietnam, a été condamnée à trois ans de prison pour évasion fiscale, selon son avocat. Il s’agit de la cinquième écologiste vietnamienne à être emprisonnée depuis 2021, ce qui a provoqué l’indignation de plusieurs dizaines d’ONG internationales.
Accusée de ne pas avoir payé ses impôts liés à ses campagnes pour l’environnement
Le tribunal de Ho Chi Minh-Ville a reconnu Hoang Thi Minh Hong, fondatrice de l’ONG Change, coupable de ne pas avoir payé 275 000 dollars d’impôts liés à ses campagnes pour l’environnement. Cette activiste de 50 ans, connue pour être la première Vietnamienne à s’être rendue en Antarctique en 1997 dans le cadre d’une mission des Nations unies sur le réchauffement climatique, a également travaillé pour le World Wide Fund et a fondé en 2013 l’ONG Change.
Une peine jugée injuste par son entourage
Hoang Thi Minh Hong avait été placée en détention provisoire depuis son arrestation le 30 mai dernier. Son mari, Hoang Vinh Nam, a exprimé sa déception face à la peine infligée à sa femme, la qualifiant d’injuste. Bien que la militante ait reconnu les faits qui lui sont reprochés et ait versé 3,5 milliards de dongs à l’État en échange d’une clémence, son avocat estime que ses arguments n’ont pas été correctement pris en compte.
Le Vietnam réprime les voix dissidentes dénonçant les atteintes à l’environnement
Depuis 2021, le régime autoritaire communiste du Vietnam est régulièrement accusé par les groupes de défense des droits humains de réprimer toute voix dissidente, notamment celles dénonçant les atteintes à l’environnement. Cette répression s’est intensifiée récemment avec l’emprisonnement de quatre militants écologistes influents pour un motif d’évasion fiscale.
Des militants écologistes emprisonnés et persécutés
Parmi les militants écologistes emprisonnés figurent Dang Dinh Bach, un avocat et directeur d’une ONG spécialisée sur les questions de droit et d’environnement. Condamné en 2022 à cinq ans de prison, il entame actuellement sa quatrième grève de la faim depuis juin 2023. Un autre exemple est Nguy Thi Khanh, lauréate du prix Goldman pour l’environnement en 2018, également incarcérée pendant près d’un an avant d’être libérée en mai 2023. Elle est l’une des rares à critiquer ouvertement le pouvoir en place pour son recours croissant aux centrales à charbon dans le domaine énergétique.
Répression entravant les efforts de lutte contre le changement climatique
Cette vague de répression a été vivement critiquée par plusieurs ONG qui estiment qu’elle compromet les efforts du Vietnam pour lutter contre les effets du changement climatique, auxquels le pays est particulièrement vulnérable. Le paradoxe est que, malgré ces atteintes aux droits humains, le Vietnam communiste se présente comme un bon élève de la transition énergétique parmi les pays du Sud. En effet, lors de la COP26 à Glasgow en 2021, le pays s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050. Cependant, les contradictions entre les efforts à fournir, les ambitions de croissance économique maximalistes de Hanoï et la répression des acteurs émergents de l’écologie citoyenne sont flagrantes.
La neutralité carbone d’ici 2050 est un objectif encouragé par un groupe de pays riches et d’institutions internationales, dont la France et l’Union européenne, qui se sont engagés à mobiliser 15,5 milliards de dollars pour aider le Vietnam. Cependant, la répression croissante des voix dissidentes compromet sérieusement la réalisation de cet objectif et met en lumière les contradictions internes du régime communiste vietnamien.