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Fin de l'enseignement du programme français en Algérie : Révolte des parents d'élèves et bouleversement du système éducatif
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Fin de l'enseignement du programme français en Algérie : Révolte des parents d'élèves et bouleversement du système éducatif

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L’Algérie met fin brusquement à l’enseignement des programmes scolaires français dans les écoles privées

Les autorités algériennes ont pris une décision radicale en demandant aux établissements scolaires privés de ne plus enseigner les matières selon le programme français, sous peine de sanctions. Cette mesure prise à la fin du mois d’août, juste avant la rentrée scolaire, a créé une grande confusion parmi les professeurs et directeurs d’écoles. Ces derniers se retrouvent démunis face à cette interdiction soudaine et ne savent pas comment réagir.

Un double programme toléré jusqu’à présent

Jusqu’à cette rentrée scolaire, certaines écoles privées en Algérie avaient la possibilité d’enseigner le programme français aux élèves en plus du cursus national obligatoire en arabe. Bien que cette pratique n’ait jamais été autorisée par la loi, elle était largement tolérée par les autorités. Cependant, les vingt-deux établissements qui bénéficiaient du label délivré par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ont été particulièrement ciblés. Ils ont reçu un courrier début août les sommant de se retirer de ce label, sous peine de fermeture ou de poursuites pénales.

Face à cette situation, les directeurs d’écoles se sont exécutés, mais ils ne comprennent toujours pas les raisons derrière cette décision. Certains d’entre eux avaient même reçu la visite d’une commission en juillet, sans jamais avoir été alertés sur d’éventuelles sanctions à venir. Ils se demandent donc pourquoi une telle interdiction a été mise en place.

Une volonté de mettre fin aux abus constatés

Cette interdiction soudaine du programme français dans les établissements privés en Algérie est non seulement le résultat des tensions entre Paris et Alger, mais également de la volonté de mettre un terme aux abus commis par certaines écoles. En effet, ces dernières accordaient souvent une priorité aux matières françaises au détriment du programme algérien, parfois de manière exclusive. Il était fréquent de cacher les manuels en français lors des inspections afin d’éviter d’éventuelles fouilles. De plus, certains élèves ne se présentaient qu’aux examens français, délaissant ainsi les épreuves nationales algériennes. Ces pratiques n’étaient pas du goût des autorités, qui ont donc décidé d’agir.

Cette annonce a été un choc pour de nombreuses familles qui souhaitaient offrir à leurs enfants une éducation bilingue. L’algérien a également été touché par cette mesure, puisque l’anglais commence progressivement à remplacer le français au sein des institutions publiques. Cependant, la langue française continue d’être enseignée à raison de 5 heures par semaine dans les écoles publiques et privées.

Le système éducatif en Algérie connaît donc une période de transition, avec la fin soudaine de l’enseignement des programmes scolaires français dans les établissements privés. Cette décision qui vise à mettre fin aux abus constatés entraîne un bouleversement pour de nombreuses écoles et familles. Il reste à voir comment ce changement sera géré et quelles seront les conséquences à long terme sur l’éducation en Algérie.

La suspension du programme français en Algérie provoque la colère des parents d’élèves

Face à l’absence de communication officielle, les parents d’élèves pensaient au départ qu’il s’agissait d’une simple rumeur. Aujourd’hui, ils sont désemparés. C’est le cas de Khelaf, qui a dû quitter Alger pour s’installer à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres, afin d’inscrire sa fille de 6 ans dans une école privée qui dispense le programme français. “Cet été, toutes les écoles de la capitale m’ont envoyé balader. On m’a fait comprendre que de récentes instructions reçues leur interdisaient formellement de l’enseigner”, raconte-t-il. A Tizi Ouzou, on m’avait assuré au moment de l’inscription que ça passerait. L’école pensait pouvoir contourner l’instruction. Mais le jour de la rentrée, l’établissement n’a pas été en mesure de proposer le programme français.

Une décision lourdement ressentie par les autorités algériennes et les élèves

La décision des autorités algériennes est d’autant plus mal ressentie qu’elle coïncide avec une autre réforme, française cette fois, concernant le Centre national d’enseignement à distance (CNED). Jusqu’à cette rentrée, les Algériens pouvaient s’y inscrire et passer le bac français via le CNED-réglementé, ce qui leur ouvrait la possibilité de s’inscrire directement sur la plate-forme Parcoursup pour accéder à l’enseignement supérieur français. Quelque 3 000 élèves en Algérie étaient concernés, le plus important contingent au monde. “Le CNED, c’était un visa pour eux”, lance un enseignant. Le nouveau système ne le permet plus.

Le manque d’accès à l’éducation française pénalise les élèves algériens

“​Au final, la victime est l’élève algérien”, tonne une enseignante. Beaucoup ne maîtrisent pas l’arabe parce qu’ils n’ont suivi que le programme français. Pour les primaires, c’est récupérable. Mais les collégiens ou les lycéens ne seront pas en mesure de suivre le cursus national. Pour continuer à étudier le programme français, des cours sont désormais organisés dans des maisons de parents ou lorsqu’il n’y a pas classe. On envoie aussi les extraits de manuel de français sur les téléphones par précaution. Tout se fait en cachette. On évoque aussi “l’idéologie” et “l’hypocrisie” des dirigeants du “système” qui, chaque rentrée scolaire, multiplient les sollicitations pour inscrire leurs enfants au lycée international français Alexandre-Dumas, à Alger.

Dans cet établissement qui compte 2 183 élèves, dont 1 008 Français incluant 855 binationaux, la pression est extrême : jusqu’à 56 demandes pour une place pour certaines classes. Pour faire face à cette explosion, la France a, selon nos informations, proposé aux autorités algériennes d’ouvrir un second lycée français à Alger. Pour l’instant, les discussions n’ont pas abouti.