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Baisse en trompe-l'œil du budget 2024 du ministère des sports : Que cache cette diminution en année olympique ?
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Baisse en trompe-l'œil du budget 2024 du ministère des sports : Que cache cette diminution en année olympique ?

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Budget 2024 : une baisse en trompe-l’œil pour le ministère des sports en année olympique

Le projet de loi de finances prévoit, hors contribution de l’État aux Jeux olympiques et paralympiques, un budget du ministère des sports à 889 millions d’euros, en augmentation de 7,3 % par rapport à 2023.

Une baisse surtout due à la fin des chantiers olympiques

A dix mois des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris, l’annonce du budget 2024 du ministère des sports et des JOP était particulièrement attendue. Présenté mercredi 27 septembre en conseil des ministres, le projet de loi de finances pour 2024 prévoit une enveloppe totale de 1,023 milliard d’euros (1,930 milliard si l’on y ajoute la mission « jeunesse et vie associative » qui dépend du budget des sports), contre 1,113 milliard d’euros en 2023.

Cette baisse de près de 8 % (90 millions d’euros) tient pour une bonne part à la diminution des crédits publics alloués à la Solideo, la société chargée de la livraison des ouvrages olympiques (village des athlètes, centre aquatique, etc), dont les chantiers entrent dans leur phase terminale, ainsi qu’à ceux affectés à l’organisation des Jeux paralympiques. En 2023, ces crédits s’élevaient à 295 millions d’euros. Ils ne seront plus que de 134 millions pour l’année 2024 : 104 millions pour la Solideo et 30 millions pour les Jeux paralympiques.

Une augmentation du budget pour le sport

Hors la stricte préparation des JOP, les financements dont bénéficie le ministère des sports pour mener à bien ses missions de développement de la pratique sportive et de soutien au sport de haut niveau atteignent, quant à eux, 889 millions d’euros pour l’année olympique, contre 828 millions d’euros en 2023. Soit une hausse de 7,3 %. Cette augmentation devrait être de nature à rassurer, au moins temporairement, l’ensemble des acteurs sportifs qui pouvaient craindre un effet de décrochage sitôt les Jeux terminés.

La ministre Amélie Oudéa-Castéra s’était engagée, le 16 mai devant les députés de la commission des finances, à ce que les Jeux olympiques « ne constituent aucunement une période de surchauffe que l’on se permettrait avant de replier les voiles ».

Les trajectoires budgétaires inscrites dans le projet de loi de finances 2024 laissent pourtant apparaître une baisse de 160 millions d’euros pour le sport dès 2025, sans détailler si elle concerne le sport ou la jeunesse et la vie associative. Mercredi, un proche de la ministre a garanti que l’engagement du ministère, hors crédits exceptionnels liés aux Jeux de Paris, serait « stable » après 2024.

Il a par ailleurs rappelé la stabilisation des effectifs de conseillers techniques sportifs (CTS) – des agents de l’État mis à la disposition des fédérations – dont la remise en cause du statut de fonctionnaires avait entraîné, à la fin de l’année 2018, une crise profonde et durable avec le ministère.

Dans le détail, l’État poursuit, dans le cadre du nouveau plan présenté par le président de la République à la rentrée scolaire, son soutien en faveur des équipements sportifs de proximité, avec une nouvelle enveloppe de 100 millions d’euros en 2024 pilotée par l’Agence nationale du sport (ANS). Avec pour priorités les établissements de l’éducation nationale, les zones rurales et la rénovation thermique des infrastructures sportives.

Renforcement de la pratique sportive en milieu scolaire

Des crédits supplémentaires pour augmenter les heures de sport

Le gouvernement prévoit de mobiliser des crédits supplémentaires de 14,6 millions d’euros pour renforcer la pratique sportive en milieu scolaire. L’objectif est de passer de 700 à 2 000 collèges mettant en œuvre les 2 heures de sport hebdomadaires supplémentaires d’ici la rentrée 2024. Cette mesure, initialement prévue pour tous les établissements au moment des Jeux, rencontre cependant des difficultés pratiques. Néanmoins, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de généraliser ces deux heures hebdomadaires supplémentaires à partir de 2026.

Soutien à la haute performance sportive

Des moyens supplémentaires pour optimiser la performance des athlètes

Concernant la haute performance sportive, le gouvernement prévoit une réévaluation de 7 millions d’euros des primes pour les médaillés olympiques et paralympiques français, portant le total à 18 millions d’euros. De plus, 6,7 millions d’euros seront alloués au dispositif “Gagner en France”. Ce programme vise à agir sur les gains marginaux afin d’optimiser la performance des athlètes lors des Jeux. Cependant, il reste incertain que cette augmentation des moyens soit suffisante pour atteindre l’objectif du top 5 des médailles fixé par Emmanuel Macron.

Promotion du sport et budget limité

Un budget limité pour une grande cause nationale

Emmanuel Macron a désigné la promotion du sport comme grande cause nationale en 2024. Cependant, le projet de budget alloue seulement un peu plus de 10 millions d’euros à cette cause. Un faible montant qui pourrait s’avérer insuffisant pour encourager les Français et les Françaises à pratiquer davantage de sport, alors qu’ils sont de plus en plus touchés par la sédentarité et l’inactivité physique.

Baisse du budget du Pass’Sport

Des crédits moins importants pour faciliter l’inscription dans une structure sportive

Le budget consacré au Pass’Sport, dispositif d’aide à l’inscription dans une structure sportive, diminuera en 2024. Alors qu’il disposait de 100 millions d’euros en 2022 et cette année, il sera seulement de 85 millions d’euros l’année prochaine. Cette baisse s’explique par la demande de réduction des dépenses de 5% adressée à tous les ministères par Matignon et Bercy avant l’été. Néanmoins, le Ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques estime que ces 85 millions d’euros lui permettront de poursuivre la montée en puissance du dispositif, qui devrait attirer environ 1,5 million de jeunes cette année.