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Xavier Niel et Matthieu Pigasse transfèrent leurs parts du Groupe Le Monde au Fonds pour l'indépendance de la presse : une étape clé pour garantir la gouvernance et l'indépendance éditoriale
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Xavier Niel et Matthieu Pigasse transfèrent leurs parts du Groupe Le Monde au Fonds pour l'indépendance de la presse : une étape clé pour garantir la gouvernance et l'indépendance éditoriale

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Xavier Niel rachète les parts de Daniel Kretinsky dans le Groupe Le Monde

NJJ Presse, la holding personnelle de Xavier Niel, a annoncé samedi 23 septembre avoir repris les parts détenues par Daniel Kretinsky dans le capital du Groupe Le Monde. Ces parts seront apportées, avec celles déjà détenues par Xavier Niel, au Fonds pour l’indépendance de la presse. Ce fonds, qui devient le premier actionnaire du groupe, rendra les actions incessibles.

Matthieu Pigasse transfère également ses parts au fonds

Dans le même temps, Matthieu Pigasse a annoncé que ses propres parts dans le capital du Groupe Le Monde seraient également transférées au Fonds pour l’indépendance de la presse. Ainsi, après ces opérations, les deux principaux actionnaires du groupe seront le Fonds pour l’indépendance de la presse, présidé par Alain Frachon, ancien directeur de la rédaction du Monde, et le Pôle d’indépendance, principalement composé des sociétés de journalistes et de personnels des différents titres du groupe.

Des étapes importantes pour la gouvernance du groupe

Ces annonces marquent deux étapes importantes pour la gouvernance du Groupe Le Monde et pour garantir l’indépendance de ses rédactions. Le retrait de Daniel Kretinsky du capital du groupe met fin à une séquence débutée en 2018 avec son entrée au capital de la société Le Nouveau Monde. Cette arrivée non sollicitée avait suscité une mobilisation sans précédent de notre collectif et de nos lecteurs, qui craignaient les menaces sur l’équilibre de notre capital et l’identité de nos titres. Cette mobilisation a conduit à la création d’un droit d’agrément statutaire, accordé uniquement au Pôle d’indépendance, qui doit donner son accord préalable à toute évolution notable du capital.

Depuis cette date, Daniel Kretinsky et ses équipes n’ont pas participé à la définition ou à la mise en œuvre de notre stratégie. L’homme d’affaires n’a pas non plus sollicité l’agrément du Pôle d’indépendance. Son retrait clarifie donc définitivement la situation au sein de notre capital.

Durant cette période, la mobilisation des équipes du groupe et de nos lecteurs, ainsi que les réflexions menées par le Pôle d’indépendance, le directoire et Xavier Niel, ont permis de mettre en place des évolutions visant à renforcer notre liberté éditoriale. C’est ainsi que le Fonds pour l’indépendance de la presse a été créé, afin de protéger davantage notre liberté éditoriale.

Le développement du Groupe Le Monde depuis 2018

Depuis 2018, le Groupe Le Monde a poursuivi son développement de manière indépendante, avec une accélération de la transformation de son modèle économique et une série de développements éditoriaux. Cette démarche a permis une croissance de l’audience de chacun de nos titres, notamment le portefeuille d’abonnés numériques du Monde, qui est passé de 173 000 en 2018 à 503 000 en septembre 2023.

Le renforcement du poids du Fonds pour l’indépendance de la presse

Par ailleurs, l’annonce du transfert des parts de Matthieu Pigasse va également renforcer le poids du Fonds pour l’indépendance de la presse. Cette initiative vient couronner l’investissement personnel de Matthieu Pigasse pour accompagner et accélérer la transformation du modèle économique du groupe. En tant qu’instigateur du projet avec Pierre Bergé et Xavier Niel, il a contribué au sauvetage du groupe et à sa recapitalisation en 2010 par la société Le Monde libre. Depuis lors, Matthieu Pigasse était membre du conseil de surveillance, apportant une contribution importante à l’essor du groupe. Nous lui exprimons nos sincères remerciements au nom de notre collectif.

Le renforcement des droits et des libertés des rédactions

À la suite de ces mouvements et du contentieux avec l’héritier de Pierre Bergé, le capital du groupe Le Monde devrait être réparti entre le Fonds pour l’indépendance de la presse, qui pourrait en détenir 72,5 %, et le Pôle d’indépendance (25,4 %). Cette évolution démontre que l’entrée de capitaux privés peut renforcer les droits et les libertés des rédactions, en soulignant le soutien des sociétés de personnels et des lecteurs. Alors que plusieurs médias voient leur stabilité économique menacée et leur identité attaquée, Le Monde a mis en place ces dernières années plusieurs outils et mécanismes de protection avec le soutien de ses actionnaires. Parmi ces protections, on compte la signature d’une charte d’éthique et de déontologie, la création d’un comité d’éthique étendu à toutes les entités du groupe, un droit d’agrément pour prévenir toute évolution hostile du capital, et la mise en place des droits d’agrément des rédactions pour les nominations des responsables éditoriaux. Ainsi, notre groupe est mieux équipé et plus stable pour assurer sa mission d’informer de manière indépendante.

Le Groupe Le Monde a également renforcé ses rédactions, comptant désormais plus de 540 journalistes contre 310 en 2010. Il a lancé de nouveaux projets éditoriaux, dont un supplément magazine pour Le Monde, une application La Matinale du Monde, des podcasts, des éditions sur les réseaux sociaux (YouTube, Snapchat, TikTok) pour toucher un public plus jeune, l’ouverture de postes de correspondants à l’étranger et le lancement du « Monde Afrique ». De plus, le groupe s’est engagé à couvrir les causes et les conséquences de la crise climatique, et a récemment lancé un site et une application en langue anglaise pour étendre l’audience de son journalisme au-delà des frontières.

Cette évolution du groupe Le Monde s’inscrit dans une continuité historique, débutée en 1944 par son fondateur Hubert Beuve-Méry, visant à défendre les valeurs d’un journalisme indépendant. Nous célébrerons ensemble les 80 ans de cette histoire en 2024, convaincus que notre long parcours doit autant à l’attachement viscéral de nos collaborateurs à la liberté d’informer qu’au soutien fidèle et de plus en plus large de nos lectrices et lecteurs.