Détention des responsables des inondations en Libye : Une enquête révèle des négligences fatales
3 minutesLe procureur ordonne la détention des responsables des inondations en Libye
Le procureur général libyen Al-Seddik Al-Sour a pris une décision importante dans le cadre de l’enquête sur les inondations meurtrières qui ont touché la ville de Derna le 10 septembre dernier. En effet, il a ordonné le placement en détention provisoire de huit responsables impliqués dans la rupture des deux barrages à l’origine de la catastrophe.
Réaction des habitants de Derna
Après la rupture des barrages, les habitants de Derna, qui ont subi de lourdes pertes, ont exprimé leur colère et leur frustration face à l’inaction des autorités. Le 18 septembre, ils ont manifesté pour demander des comptes et ont réclamé une enquête rapide ainsi que des poursuites judiciaires à l’encontre des responsables de cette catastrophe.
Les personnes concernées par la détention
Parmi les huit personnes placées en détention provisoire par le procureur figurent sept individus ayant occupé, ou occupant encore, des postes à responsabilité au sein du département des ressources hydrauliques ou celui de la gestion des barrages en Libye. Le maire de Derna, Abdulmonem Al-Ghaithi, qui a été destitué de ses fonctions après l’événement tragique, fait également partie des personnes concernées.
Selon le procureur général Al-Seddik Al-Sour, les fissures sur les deux barrages avaient été signalées dès 1998 par la direction des barrages en Libye, mais aucune mesure n’avait été prise pour résoudre ce problème. C’est dans ce contexte que l’enquête a été ouverte afin d’établir les responsabilités et de rendre justice aux victimes des inondations de Derna.
Enquête sur la gestion des barrages en Libye
Selon le communiqué publié lundi par son bureau, 16 personnes au total, toutes impliquées à des degrés divers dans la gestion des barrages en Libye, sont concernées par l’enquête.
Huit personnes placées en détention provisoire
Les huit personnes visées par un ordre de détention provisoire ont été entendues dimanche par une commission chargée d’enquêter sur l’effondrement des deux barrages, selon le communiqué.
Sept d’entre elles, parmi lesquelles le chef actuel du département des ressources hydrauliques, son prédécesseur et le responsable de la branche locale de Derna, ainsi que le directeur du département de la gestion des barrages et son prédécesseur, « n’ont pas été en mesure de réfuter leur responsabilité dans la mauvaise gestion des missions administratives et financières qui leur incombaient », selon le communiqué.
Fautes et négligence ayant contribué à la catastrophe
« Les fautes qu’ils ont commises » et leur « négligence en matière de prévention des désastres » ont « contribué » à l’arrivée de cette catastrophe et ses lourds bilans humain et économique, a ajouté le texte.
Quant au maire limogé de Derna, il est soupçonné notamment d’« abus de fonction et de mauvaise gestion de fonds alloués au développement de la ville ».
L’enquête s’est notamment intéressée à un contrat conclu entre le département des eaux libyen et une compagnie turque pour l’entretien des deux barrages et le versement en 2014 à cette dernière de « sommes disproportionnées », et ce « bien qu’elle ait violé les engagements stipulés dans le contrat », selon le communiqué du procureur.
La tempête Daniel a frappé dans la nuit du 10 au 11 septembre l’est de la Libye, notamment Derna, une ville de 100 000 habitants bordant la Méditerranée, entraînant la rupture de deux barrages en amont et provoquant une crue de l’ampleur d’un tsunami, qui a tout emporté sur son passage. Selon le dernier bilan officiel provisoire, les inondations ont fait au moins 3 868 morts, alors qu’un grand nombre d’autres personne sont portées disparues.