Meurtre de policier au Kosovo : la tension monte avec des accusations de soutien de la Serbie au crime organisé
4 minutesKosovo : la police reprend le contrôle d’un monastère après un meurtre de policier
La situation au Kosovo s’est intensifiée dimanche suite à l’attaque meurtrière de deux policiers près de la ville de Zvecan. Les autorités kosovares ont rapidement réagi en lançant une opération pour reprendre le contrôle d’un monastère où s’étaient retranchés des hommes armés.
Accusations de soutien de la Serbie au crime organisé
Suite à cette attaque, le premier ministre kosovar, Albin Kurti, a qualifié l’incident de « criminel et terroriste ». Il a également accusé la Serbie d’offrir un soutien logistique et financier « au crime organisé ». Ces accusations ont provoqué une tension accrue entre les deux pays.
Bilan de l’opération policière
Après plusieurs heures de combats, les forces de police ont réussi à reprendre le monastère de Banjska aux hommes armés. Trois assaillants ont été tués lors de l’opération, tandis que deux suspects blessés ont été arrêtés. Quatre autres individus ont également été appréhendés pour leur soutien au groupe armé.
La situation semble désormais sous contrôle, mais les autorités continuent de surveiller de près la région. Le premier ministre a montré des photos lors d’une conférence de presse, prouvant la présence d’hommes armés dans le monastère. Selon la loi, les autorités kosovares ne peuvent exercer leur pouvoir dans les églises et les monastères orthodoxes sans un accord de l’Église, sauf en cas d’urgence.
Le Kosovo accuse la Serbie d’attaque
La présidente kosovare, Vjosa Osmani, a qualifié les récentes attaques survenues dans le pays comme une “attaque contre le Kosovo”. Selon elle, ces actes de violence démontrent le pouvoir de déstabilisation des gangs criminels organisés par la Serbie. Elle a fait cette déclaration dans un communiqué.
La Serbie nie toute responsabilité
De son côté, le président serbe, Aleksandar Vucic, a nié toute implication dans la situation et a même affirmé que les assaillants étaient des Serbes du Kosovo. Il a déclaré : “Je ne veux pas justifier la mort d’un Albanais, cela doit être condamné. Mais le seul responsable de tout ce qui se passe dans le nord du Kosovo, c’est Albin Kurti. Il provoque sans cesse et je suis désolé que certains Serbes aient cédé à ses provocations”. Vucic a également déclaré que la Serbie ne reconnaîtrait jamais l’indépendance du Kosovo, même si cela impliquait la mort de tous les Serbes.
Contexte et tensions persistantes
Le Kosovo a proclamé son indépendance de la Serbie en 2008, dix ans après que l’OTAN ait repoussé les forces serbes lors d’une guerre sanglante qui a coûté la vie à environ 13 000 personnes, principalement d’origine albanaise. La Serbie, soutenue par ses alliés russes et chinois, refuse de reconnaître l’indépendance de son ancienne province, dont la population est principalement d’origine albanaise. La région du nord du Kosovo est le théâtre de troubles récurrents, et la tension s’est intensifiée en mai lorsque les autorités kosovares ont décidé de nommer des maires albanais dans des municipalités à majorité serbe. Les manifestations des Serbes contre cette décision ont déjà entraîné des affrontements avec les forces de la KFOR, la force de l’OTAN présente dans la région.
La communauté internationale a appelé les deux parties à la désescalade à plusieurs reprises, soulignant que ces violences pourraient compromettre la voie de l’adhésion à l’Union européenne pour Belgrade et Pristina. Les récentes tentatives de dialogue entre le premier ministre kosovar, Albin Kurti, et le président serbe, Aleksandar Vucic, ont échoué après seulement quelques heures. Les prérequis des deux parties pour la reprise des négociations sont en contradiction, la partie serbe demandant une forme d’association des communautés serbes dans le Nord, tandis que la partie kosovare exige la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo par Belgrade.
Dans un discours aux Nations unies la semaine dernière, le président serbe a accusé l’Occident d’hypocrisie en affirmant que la reconnaissance du Kosovo reposait sur des arguments similaires à ceux avancés par la Russie pour justifier son intervention en Ukraine.