Mis en examen et écroué : Un ex-préfet rwandais soupçonné de génocide incarcéré à Paris
3 minutesMis en examen et écroué
Un ex-préfet rwandais, soupçonné d’implication dans le génocide au Rwanda qui a causé plus de 800 000 morts, a été mis en examen et écroué à Paris. L’homme a été inculpé par un juge français du pôle crimes contre l’humanité pour génocide, complicité de génocide, complicité de crimes contre l’humanité et entente en vue de commettre ces crimes. Cette arrestation fait suite à une plainte déposée par le Collectif des parties civiles du Rwanda (CPCR) et une enquête ouverte en France en 2021.
Identité de l’accusé et réactions du CPCR
L’individu incriminé est identifié comme Pierre Kayondo, ancien préfet de Kibuye et ancien député de la préfecture de Gitarama. Selon le CPCR, plusieurs témoignages révèlent le rôle actif de Kayondo dans l’organisation des exécutions à Ruhango et à Tambwe, où il aurait facilité la formation de groupes de miliciens Interahamwe, fourni des armes et participé à des réunions. Le CPCR souligne également que Kayondo était actionnaire de la Radio-Télévision des Mille Collines, une station de radio qui avait diffusé des appels au meurtre des Tutsis. Selon Alain Gauthier, président du CPCR, Kayondo était proche de personnalités déjà condamnées pour génocide.
Soutien à l’enquête et à la justice
Dafroza et Alain Gauthier, fondateurs du CPCR, se félicitent de l’ouverture de l’enquête et de la réponse de la justice concernant la plainte déposée. Ils estiment que c’est un pas important vers la poursuite des auteurs présumés du génocide rwandais en France. Cette mise en examen et l’écrouement de Kayondo illustrent l’engagement de la France à poursuivre les responsables de tels crimes contre l’humanité.
Six parties civiles se sont constituées dans l’enquête
Dans l’enquête sur les crimes de génocide commis au Rwanda entre avril et juillet 1994, six parties civiles se sont constituées en janvier. Me Domitille Philippart, avocate du CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda), a précisé que ces parties civiles étaient en possession d’informations importantes et avaient été entendues au printemps. La mise en examen de M. Kayondo, l’un des suspects, était donc la suite logique de ces éléments. La nature de cette affaire et l’importance des preuves recueillies en font un dossier d’une grande importance.
La compétence universelle de la France en action
Dans le cadre de sa compétence universelle, qui lui permet de juger les crimes les plus graves commis hors de son sol, la justice française a déjà prononcé des condamnations définitives contre plusieurs Rwandais. D’autres dossiers sont en cours d’instruction et proches de leur dénouement. Par exemple, l’ancien gendarme rwandais Philippe Hategekimana, naturalisé français sous le nom de Philippe Manier, a fait appel de sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité en juin dernier. D’autres procès sont également prévus, tels que celui du médecin rwandais Sosthène Munyemana en novembre et décembre, ainsi que celui d’un autre médecin rwandais, Eugène Rwamucyo, potentiellement en 2024. Selon un magistrat spécialisé, une trentaine de dossiers sont actuellement sous enquête au pôle crimes contre l’humanité parisien.
Un engagement pour la justice
En 2020, Félicien Kabuga, l’un des principaux suspects de génocide, a été arrêté près de Paris après plus de deux décennies de cavale. Il a ensuite été remis à la justice internationale pour répondre de ses actes. Pendant longtemps, le sort des suspects réfugiés en France a été source de tension dans les relations entre Paris et Kigali, en raison de la question du rôle de la France dans le génocide. Cependant, le ton est désormais à l’apaisement et Emmanuel Macron s’est engagé à ce que personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice. Le génocide rwandais a causé la mort de plus de 800 000 personnes, principalement des Tutsis, selon les estimations de l’ONU.