Haut-Karabakh : Un conflit séculaire qui met la Russie à l'épreuve
3 minutesUn conflit centenaire
Le Haut-Karabakh, également appelé Artsakh par les Arméniens, est une région montagneuse située dans le Caucase du Sud. Depuis des décennies, cette enclave est au cœur d’un conflit territorial entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Bien que qualifié de “gelé”, ce conflit a traversé les décennies et a été à l’origine de deux guerres, en 1988-1994 et en 2020. Cette dernière a d’ailleurs marqué un tournant historique dans la région, avec la victoire de Bakou.
Une région disputée
Le Haut-Karabakh, d’une superficie de 4 400 km², compte en théorie 120 000 habitants, principalement d’origine et de langue arménienne, et de confession chrétienne. Les Arméniens revendiquent une présence millénaire dans la région, mais l’Azerbaïdjan fait également valoir des liens historiques profonds. La population azerbaïdjanaise, majoritairement musulmane et turcophone, vit en majorité hors du Haut-Karabakh, mais revendique également son droit sur cette terre disputée.
Une histoire complexe
L’histoire du Haut-Karabakh est marquée par des changements de souveraineté et des tensions entre les différentes communautés présentes dans la région. Intégrée au royaume arménien dans l’Antiquité, la région est ensuite passée sous influence arabe au Moyen Âge. Elle est ensuite réintégrée au sein de l’Arménie, avant d’être rattachée à l’Empire russe en 1805. Après la révolution bolchevique de 1917, l’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent le territoire lors de la guerre civile. Finalement, en 1923, Staline décide de rattacher le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan malgré sa population majoritairement arménienne. La région dispose toutefois d’une autonomie. Ces décisions seront à l’origine de nombreux conflits armés par la suite.
Malgré les différentes tentatives de résolution du conflit et les trésors de diplomatie déployés, le Haut-Karabakh reste une poudrière et un enjeu majeur dans les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
La Russie et sa difficile médiation dans le conflit au Haut-Karabakh
Depuis son intervention en 1994 et la mise en place d’un cessez-le-feu, la Russie a tenté de maintenir la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la région disputée du Haut-Karabakh. Cependant, malgré son rôle de médiateur au sein du Groupe de Minsk, composé également de la France et des Etats-Unis, la Russie n’a pas réussi à trouver une solution durable à ce conflit.
L’Azerbaïdjan relance les hostilités avec le soutien de la Turquie
En septembre 2020, l’Azerbaïdjan a récemment relancé les hostilités avec l’appui de la Turquie, qui lui fournit notamment des armes et des mercenaires. En seulement six semaines, l’armée azerbaïdjanaise a réussi à écraser les forces arméniennes et à reconquérir un tiers du Haut-Karabakh, causant la mort de 6 500 personnes. Un nouveau cessez-le-feu a été conclu le 10 novembre.
Une nouvelle offensive de l’Azerbaïdjan et le rôle limité de la Russie
En décembre 2022, l’Azerbaïdjan a fermé le corridor de Latchine, provoquant de graves pénuries de nourriture et de médicaments dans la région. Malgré les efforts de médiation de l’Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie, aucun traité de paix n’a été conclu. En juillet, l’Azerbaïdjan est repassé à l’offensive et a rapidement pris le dessus, forçant les séparatistes arméniens à se rendre. L’accord de cessez-le-feu prévoit le retrait des forces arméniennes, la dissolution de l’Armée d’autodéfense du Haut-Karabakh et la tenue de négociations sur la garantie des droits et de la sécurité des habitants de la région.
Malgré son rôle de garant du cessez-le-feu de 1994, la Russie n’a pas réussi à faire respecter cet accord et n’a pas non plus empêché le blocus du Haut-Karabakh. La Russie semble être accaparée par son propre conflit en Ukraine et les deux parties, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de Moscou. L’Azerbaïdjan se tourne vers la Turquie et Israël pour obtenir du soutien militaire, tandis que l’Arménie se rapproche de l’Occident et remet en question son alliance avec la Russie. Cette situation complique encore davantage la médiation de la Russie dans le conflit au Haut-Karabakh.