Paul Kagame se présente pour un quatrième mandat en 2024 : La démocratie contestée au Rwanda
3 minutesPaul Kagame candidat à un quatrième mandat en 2024
Le président du Rwanda, Paul Kagame, a récemment annoncé sa candidature à un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue en 2024. Cette annonce a été faite dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique et publiée le 19 septembre. Kagame, qui est au pouvoir depuis 1994, a déclaré qu’il était honoré de la confiance que les Rwandais lui accordaient et qu’il les servirait toujours. Le gouvernement rwandais a également annoncé en mars qu’il synchroniserait les dates de l’élection présidentielle et des législatives, prévues pour août 2024.
Des amendements controversés pour obtenir un troisième mandat
Jusqu’à présent, Kagame n’avait pas ouvertement exprimé ses intentions de se représenter, mais il a procédé à des amendements constitutionnels controversés qui lui ont permis d’obtenir un troisième mandat. Cela lui a également ouvert la possibilité de gouverner jusqu’en 2034. Ancien chef rebelle, Paul Kagame est le dirigeant de facto du pays depuis la fin du génocide de 1994. Il a été réélu avec plus de 90% des voix lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Jusqu’à présent, seul le chef du Parti vert de l’opposition, Frank Habineza, avait annoncé sa candidature pour 2024.
Une annonce non-surprenante mais une opposition déterminée
L’annonce de la candidature du président sortant pour un quatrième mandat “n’est pas une surprise”, a déclaré Frank Habineza à l’AFP. Toutefois, il a souligné que son parti politique se préparait activement pour mener une meilleure campagne qu’en 2017. Malgré la longévité de Kagame au pouvoir, l’opposition rwandaise reste déterminée à affronter le président sortant lors des élections de 2024. Avec cette nouvelle annonce, la scène politique rwandaise est en pleine effervescence, et les mois à venir seront cruciaux pour l’avenir politique du pays.
Le Rwanda sous le gouvernement de Paul Kagame : une démocratie contestée
Le Rwanda se présente comme l’un des pays les plus stables du continent africain, mais plusieurs groupes de défense des droits humains accusent Paul Kagame de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.
Condamnation de Paul Rusesabagina : un symbole de répression politique
En 2021, Paul Rusesabagina, héros du film “Hôtel Rwanda” et critique virulent de Kagame, avait été condamné à vingt-cinq ans de prison pour « terrorisme », après son arrestation l’année précédente dans des circonstances troubles. M. Rusesabagina, qui vivait depuis 1996 en exil aux États-Unis et en Belgique, avait été arrêté à Kigali, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi. Sa famille a qualifié cette opération d’enlèvement. Le gouvernement rwandais avait affirmé que l’arrestation était « légale », admettant avoir « facilité » le transport de M. Rusesabagina en finançant cette opération. Libéré de prison en mars 2023 et renvoyé aux États-Unis après une grâce présidentielle, Paul Rusesabagina a publié un message vidéo en juillet, affirmant que les Rwandais étaient « prisonniers dans leur propre pays ».
La liberté de la presse en question et l’avenir politique de Kagame
Le Rwanda est classé 131e (sur 180 pays) au classement mondial de la liberté de la presse 2023 établi par Reporters sans frontières. Interrogé en juillet 2022 sur France 24 sur sa candidature à un nouveau mandat, Paul Kagame avait répondu : « J’envisage de me présenter pour vingt ans de plus, je n’ai aucun problème avec ça. Les élections sont l’occasion pour les gens de choisir.» Kagame n’avait que 36 ans lorsque son parti, le Front patriotique rwandais, a chassé du pouvoir les extrémistes hutu, accusés d’être responsables du génocide durant lequel quelque 800 000 personnes, principalement des Tutsi mais aussi des Hutu modérés, ont été assassinées entre avril et juillet 1994.