L'adoption de l'Online Safety Bill au Royaume-Uni : une avancée majeure pour la sécurité en ligne ou une menace pour la vie privée et le chiffrement des communications ?
3 minutesAdoption de l’Online Safety Bill au Royaume-Uni
Après quatre années de débats et de négociations, les deux chambres du Parlement britannique ont finalement adopté, le mardi 19 septembre, l’Online Safety Bill. Cette loi controversée vise à garantir la sécurité des internautes en mettant en place des mesures de protection. Le texte devrait être promulgué dans les prochains jours, marquant ainsi une avancée majeure pour la sécurité numérique au Royaume-Uni.
Mesures de protection des mineurs et obligations des plates-formes
L’Online Safety Bill, partageant des similitudes avec le projet de loi français sur la sécurité numérique, prévoit un ensemble de mesures de protection des mineurs, principalement axées sur les réseaux sociaux. Parmi ces mesures, les plates-formes seront tenues de supprimer rapidement ou d’empêcher la publication de contenus incitant au suicide ou à l’automutilation. Elles devront également mettre en place des mesures supplémentaires pour contrôler l’âge des utilisateurs, publier des rapports réguliers sur les actions entreprises et faciliter les signalements de contenus problématiques. Les plates-formes qui ne respecteraient pas ces obligations pourraient être soumises à des amendes pouvant atteindre 10 % de leur chiffre d’affaires mondial.
Controverses et difficultés d’application
Cependant, certains critiques soulignent que certaines de ces dispositions sont difficiles à mettre en pratique. En effet, la suppression rapide des contenus incitatifs au suicide ou à l’automutilation peut être un défi logistique pour les plates-formes, tandis que le contrôle de l’âge des utilisateurs peut être sujet à des erreurs ou des contournements. Malgré ces réserves, la secrétaire d’État à la technologie britannique, Michelle Donelan, affirme que cette nouvelle loi fera du Royaume-Uni “l’endroit le plus sûr au monde où être en ligne”, soulignant ainsi l’importance de garantir la sécurité numérique pour tous les utilisateurs.
Les défis des technologies de vérification de l’âge
Les technologies de vérification de l’âge ont longtemps été confrontées à un dilemme complexe : comment concilier protection de la vie privée et efficacité ? Cet enjeu a été si difficile à résoudre que le gouvernement britannique précédent a abandonné en 2019 un projet de loi visant à imposer ces technologies à tous les sites pornographiques.
Le scanner proactif des contenus échangés : une disposition controversée
La version du texte adoptée par le Parlement soulève également une mesure profondément controversée. Elle oblige les messageries et les grandes plates-formes à “scanner” de manière proactive les contenus échangés par leurs utilisateurs afin de détecter les contenus pédopornographiques. Cette disposition est vivement contestée par toutes les grandes entreprises du numérique.
Le chiffrement des communications menacé
Cette mesure aboutirait concrètement à interdire le chiffrement des communications sur des messageries telles que WhatsApp ou iMessage. Or, le chiffrement est considéré comme essentiel par ces sociétés et les experts en sécurité informatique pour protéger les utilisateurs contre les piratages et la surveillance.
Plusieurs opérateurs de messageries, dont WhatsApp, ont averti qu’ils seraient contraints de quitter le Royaume-Uni et de cesser d’y offrir leurs services si cette disposition était mise en place. Au début du mois de septembre, le gouvernement avait tenté de rassurer en affirmant que cette mesure ne serait pas appliquée tant qu’une technologie sécurisée ne serait pas disponible. Cependant, aucune solution technique viable ne semble actuellement possible, ce qui laisse la possibilité que cette mesure ne soit jamais mise en œuvre.