Tensions et départs au Parlement espagnol suite à l'utilisation des langues régionales : Un pas vers l'inclusion ou une concession pour les indépendantistes catalans ?
4 minutesTensions et départs au Parlement espagnol suite à l’utilisation du catalan, du basque et du galicien
L’usage des langues régionales provoque des réactions négatives
Mardi 19 septembre, une première s’est produite au Parlement espagnol : le catalan, le basque et le galicien ont été utilisés lors d’une séance. Cette initiative a immédiatement suscité des tensions, notamment de la part de l’extrême droite qui dénonce une nouvelle concession du gouvernement Sanchez aux indépendantistes catalans.
Les députés du parti ultranationaliste Vox ont ainsi quitté l’hémicycle pendant l’intervention en galicien d’un député du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Ils ont également rendu les écouteurs leur permettant de suivre la traduction simultanée en castillan, l’espagnol. Maria José Millan, présidente du groupe parlementaire Vox, a déclaré : “Nous ne voulons pas être complices de cette rupture de notre coexistence. Nous n’utiliserons pas des traducteurs pour communiquer avec des gens de Salamanque, Barcelone ou Vigo”.
Le Parti Populaire (PP), principale formation de droite, a quant à lui exigé dès le début de la séance que ces langues ne soient utilisées qu’après l’approbation formelle du changement de règlement du Parlement, prévue pour jeudi.
Une revendication longtemps attendue par les régionalistes
L’utilisation des langues régionales lors des séances plénières au Parlement espagnol est depuis longtemps une demande des partis nationalistes de ces régions. Cette concession a finalement été obtenue à la mi-août par le parti indépendantiste catalan Junts per Catalunya, en échange de son soutien crucial à l’élection de la socialiste Francina Armengol à la présidence du Parlement espagnol.
Il est important de noter que le catalan, le basque et le galicien ont un statut de langue coofficielle en Espagne, où le castillan est la seule langue officielle dans l’ensemble du pays. Cela signifie que ces langues sont enseignées à l’école, utilisées dans l’administration et au sein des Parlements régionaux en Catalogne, au Pays basque et en Galice.
“C’est un jour historique (…) enfin, les droits des personnes parlant catalan vont être respectés ici”, a salué en catalan Miriam Nogueras, présidente du groupe parlementaire de la formation catalane.
Bien que cette décision soit perçue comme une avancée par certains, elle continue de susciter des réactions négatives et des tensions au sein du Parlement espagnol.
Puigdemont demande la reconnaissance des langues officielles de l’Union européenne
L’ancien président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires, a récemment demandé au gouvernement de demander la reconnaissance du catalan, du basque et du galicien comme langues officielles de l’Union européenne. Cette requête a été débattue lors d’une réunion des ministres européens des affaires européennes, qui ont soulevé des objections et réclamé plus de temps pour se prononcer.
Les voix des députés du parti de Puigdemont seront décisives pour Sanchez
Il est important de mentionner que les voix des députés du parti de Carles Puigdemont joueront un rôle clé dans le soutien au gouvernement de Pedro Sanchez, en particulier si ce dernier souhaite être reconduit au pouvoir dans les semaines à venir. En échange de leur soutien, Puigdemont a demandé l’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice pour leur implication dans la tentative de sécession de 2017.
Les élections législatives n’ont pas permis de dégager une majorité claire
Suite aux élections législatives du 23 juillet, aucun parti politique n’a réussi à obtenir une majorité claire. En ayant obtenu le plus grand nombre de sièges, le leader du Partido Popular (PP), Alberto Nuñez Feijoo, a été chargé par le roi Felipe VI de présenter sa candidature au poste de premier ministre devant le Parlement. Cependant, il semble peu probable qu’il réussisse à obtenir les votes nécessaires en raison de l’absence d’une majorité claire. Ensuite, Pedro Sanchez, arrivé deuxième lors du scrutin, mais plus apte à rassembler une majorité grâce au soutien des partis régionalistes, aura deux mois pour présenter sa candidature. Si Sanchez n’obtient pas l’investiture du Parlement, de nouvelles élections devront être convoquées.