Inondations meurtrières en Libye : les communications coupées à Derna au lendemain d'une manifestation contre les autorités
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Les communications se rétablissent graduellement, selon la Compagnie nationale des télécommunications (LPTIC). Elles avaient été coupées mardi 19 septembre à Derna, ville de l’est de la Libye dévastée par des inondations meurtrières, au lendemain d’une manifestation d’habitants réclamant des comptes aux autorités qu’ils mettent en cause dans la catastrophe.
Acte de sabotage délibéré suspecté
Le réseau cellulaire et d’Internet était hors service depuis mardi matin, selon des sources locales. L’Agence France-Presse n’a pas été en mesure de joindre par téléphone ou messagerie ses journalistes présents dans la ville. La coupure a été causée par « une rupture des fibres optiques dans la ville de Derna », a précisé LPTIC sur son compte Facebook. D’après la compagnie, cette panne, qui affecte aussi d’autres localités dans l’est de la Libye, « pourrait être le résultat d’un acte de sabotage délibéré. Nos équipes s’efforcent de la réparer le plus rapidement possible ».
Manifestation violente et dissolution du conseil municipal de Derna
Rassemblés devant la grande mosquée de la ville, des centaines d’habitants ont scandé des slogans hostiles aux autorités de l’Est, incarnées par le Parlement et son chef, Aguila Salah Issa. « Le peuple veut la chute du Parlement », « Aguila [Salah Issa] est l’ennemi de Dieu », ou encore « ceux qui ont volé ou trahi doivent être pendus », « Libye, ni Est ni Ouest, unité nationale », ont-ils scandé. Plusieurs manifestants ont brûlé la maison du maire honni de la ville, Abdulmonem Al-Ghaithi, selon des images largement partagées sur les réseaux sociaux et par des médias libyens. Quelques heures après la manifestation, le chef de l’exécutif dans l’est de la Libye, Oussama Hammad, a dissous le conseil municipal de Derna, contre lequel il a ordonné l’ouverture d’une enquête.
Selon des politiques et des analystes, le chaos en Libye a relégué au second plan l’entretien d’infrastructures vitales comme les barrages de Derna dont l’effondrement a provoqué des inondations qui ont fait 3 338 morts, selon le dernier bilan officiel provisoire communiqué lundi soir par le ministre de la santé de l’Est, Othman Abdeljalil.
La Libye dévastée par les inondations : un pays divisé
Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est en proie à de profondes divisions politiques. Actuellement, le pays est gouverné par deux administrations rivales, l’une à Tripoli à l’Ouest, reconnue par l’ONU et dirigée par le premier ministre Abdel Hamid Dbeibah, et l’autre à l’Est, représentée par le Parlement et affiliée au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.
Une crue dévastatrice provoquée par la rupture de barrages
Derna, ville de 100 000 habitants située à l’Est de la Libye, a été récemment frappée par une crue d’une ampleur exceptionnelle. Cette crue, qui a été comparée à un tsunami, a été causée par la rupture de deux barrages le long de l’oued qui traverse la ville. Cette catastrophe a entraîné la disparition de milliers de personnes présumées mortes selon les médias locaux.
Des tensions exacerbées par les inondations
Les autorités de l’Est de la Libye entretiennent des relations tendues avec la ville de Derna depuis l’époque de Kadhafi. Les habitants de Derna ont souvent été considérés comme contestataires et ont été victimes de répression par le passé. Suite aux inondations, des experts affirment que les autorités cherchent maintenant à punir collectivement la population de Derna pour ses manifestations et ses revendications.
Malheureusement, les informations en provenance de Derna sont très sombres et les communications avec la ville ont été coupées. Les secouristes sont toujours à pied d’œuvre pour retrouver les corps des disparus et les habitants vivent dans la peur d’une répression militaire imminente.
Dans cette situation désastreuse, la Libye doit faire face à des défis politiques et humanitaires majeurs. La communauté internationale doit intervenir rapidement pour aider le pays à surmonter cette crise et à trouver une solution pacifique à ses divisions politiques.