Un échange risqué : Dix Américains et Iraniens libérés dans un compromis politique entre les États-Unis et l'Iran
4 minutes##Dix Américains et Iraniens libérés dans le cadre d’un échange de prisonniers entre les Etats-Unis et l’Iran
L’échange de prisonniers entre les Etats-Unis et l’Iran a abouti à la libération de dix individus, cinq Américains et cinq Iraniens. Cet échange, politiquement risqué pour Joe Biden, a été confirmé par un haut responsable de la Maison Blanche.
##Le départ des Américains et l’arrivée des Iraniens
Les cinq Américains, accompagnés de deux femmes membres de leurs familles, ont quitté l’Iran le lundi 18 septembre. Parmi eux se trouvaient Siamak Namazi, Emad Sharqi, Morad Tahbaz avec son épouse, ainsi que deux autres personnes non identifiées. Il est important de noter que tous les prisonniers américains ont une ascendance iranienne, puisque l’Iran ne reconnaît pas la double nationalité.
En échange, cinq ressortissants iraniens, poursuivis ou condamnés aux Etats-Unis pour des délits sans violences, bénéficieront de mesures de clémence. Le haut responsable de la Maison Blanche a précisé que cet échange de prisonniers s’accompagnerait également de sanctions contre le ministère du renseignement iranien et l’ancien président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, afin de contrer toute accusation de complaisance envers le régime de Téhéran.
##Les négociations et le transfert de fonds
Cette libération était imminente depuis le transfert des cinq Américains en résidence surveillée il y a un peu plus d’un mois. Elle est le résultat de plusieurs années de tractations entre Washington et Téhéran. Par ailleurs, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d’une valeur de six milliards de dollars (5,5 milliards d’euros), a été annoncé à Doha et confirmé par l’Iran. Ce transfert fait partie intégrante de l’accord conclu dans le cadre de cet échange de prisonniers.
Deux des cinq prisonniers iraniens bénéficiant de mesures de clémence sont arrivés à Doha dans le but de regagner l’Iran, selon des médias iraniens. Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, libérés lors de cet échange, ont été accueillis à Doha. Les trois autres prisonniers ont également été libérés, mais ont choisi de ne pas retourner en Iran.
Le transfert des fonds sur six comptes iraniens, répartis dans deux banques du Qatar, a été réalisé avec succès le lundi.
Un accord financier entre l’Iran et le Qatar
Aujourd’hui, l’équivalent de 5 573 492 000 euros a été déposé sur le compte des banques iraniennes auprès de deux banques qataries. C’est ce qu’a annoncé Mohammad Reza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne, à Téhéran. Cette nouvelle intervient dans le contexte d’un différend entre l’Iran et la Corée du Sud concernant l’accès aux fonds iraniens.
Des intentions de poursuites et de dommages
Selon M. Farzin, l’Iran a l’intention de saisir la justice contre la Corée du Sud pour ne pas avoir autorisé Téhéran à accéder à ces fonds. En outre, le pays demandera des dommages à la suite de la dépréciation de ces fonds qui étaient gelés suite aux sanctions américaines.
Libération de prisonniers et apaisement des tensions ?
Le 10 août, un arrangement avait été annoncé entre les États-Unis et l’Iran. Cela avait entraîné la libération de cinq Américains d’origine iranienne, détenus en Iran, qui ont été transférés en résidence surveillée. Parmi les personnes libérées figure l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. Du côté des États-Unis, cinq Iraniens devant être libérés sont accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines » contre l’Iran.
Certains experts estiment que cet accord contribue à apaiser les tensions entre l’Iran et les États-Unis. Cependant, cela ne préjuge en rien d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Les négociations menées par les Européens en 2022 n’ont pas réussi à raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, qui est en état d’agonie depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018, sous la présidence de Donald Trump. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est attendu lundi à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU.
Un échange décrié et des fonds à utiliser avec précaution
Le 13 septembre, la Maison Blanche a rejeté les accusations de « rançon » formulées par l’opposition républicaine envers le président Joe Biden, affirmant que les six milliards de dollars de fonds iraniens avaient été débloqués dans le cadre d’un échange de prisonniers. Les responsables américains ont qualifié cette décision de « difficile », soulignant que l’alternative aurait été que ces Américains ne rentrent jamais chez eux. Ils ont également souligné que l’utilisation de ces fonds serait strictement surveillée et destinée uniquement à des fins humanitaires.
Ces fonds, issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, avaient été gelés en raison des sanctions américaines. Téhéran affirme toutefois avoir la possibilité de les utiliser différemment et pas seulement pour l’achat de médicaments et de nourriture. Après ce versement, l’Iran n’aura plus beaucoup de ressources bloquées dans d’autres pays, selon le porte-parole du ministère des affaires étrangères iranien, Nasser Kanani.