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Un tournant historique : Témoignage inédit d'une victime des tortures du franquisme en Espagne devant un juge
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Un tournant historique : Témoignage inédit d'une victime des tortures du franquisme en Espagne devant un juge

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Victime présumée du franquisme témoigne devant un juge en Espagne

Une première depuis la mort de Francisco Franco, en 1975, une victime présumée de tortures sous la dictature est entendue par un juge en Espagne, marquant ainsi un tournant dans la lutte pour la justice. Julio Pacheco, un retraité de 67 ans, a déposé plainte en février contre ses quatre tortionnaires présumés, dont l’ex-commissaire controversé José Manuel Villarejo.

Un long combat pour la reconnaissance

Membre d’une organisation étudiante antifranquiste, Julio Pacheco est arrêté à Madrid en août 1975 par la police secrète. Torturé pendant plusieurs jours à la direction générale de la sécurité sur la célèbre place Puerta del Sol, il est ensuite envoyé en prison, accusé de terrorisme. Pendant 48 ans, il a gardé le silence, mais en février, il décide enfin de déposer plainte pour faire la lumière sur les atrocités qu’il a subies.

Une lueur d’espoir pour les victimes

La juge en charge du dossier a admis la plainte de Julio Pacheco en mai, invoquant la possible existence de crimes contre l’humanité et de tortures dans cette affaire. Elle a donc convoqué les accusés et demandé des documents à la police et aux archives nationales pour mener à bien son enquête. Une décision qui suscite de l’espoir chez les victimes du régime franquiste, dont une trentaine s’est rassemblée devant le tribunal de Madrid pour soutenir Julio Pacheco.

Même si Julio Pacheco se dit un peu nerveux avant d’entrer dans le tribunal, il reste déterminé à obtenir justice pour les crimes commis contre lui et de nombreuses autres victimes. Si l’enquête aboutit à un renvoi en justice, ce sera une véritable avancée dans la lutte contre l’impunité du franquisme en Espagne.

Les associations de victimes espèrent que l’audition de vendredi ouvrira la voie à de nouvelles plaintes

L’audition qui aura lieu vendredi représente une victoire pour les associations de victimes. Selon elles, plus d’une centaine de plaintes ont été rejetées par la justice par le passé. Cet événement est donc perçu comme une première étape importante dans le processus judiciaire. Les associations espèrent que le témoignage donné lors de cette audition permettra d’ouvrir “une brèche dans le mur de l’impunité” et conduira les tribunaux à être plus réceptifs aux futures plaintes qui seront déposées.

La loi d’amnistie de 1977 a stoppé les tentatives des victimes de la dictature d’obtenir justice

Jusqu’à présent, malgré les demandes insistantes des Nations unies, la justice espagnole a systématiquement rejeté les tentatives des victimes de la dictature de poursuivre leurs agresseurs. La prescription des faits et la loi d’amnistie de 1977 ont été invoquées pour bloquer ces démarches. La loi d’amnistie, symbole de la transition vers la démocratie après la mort de Franco en 1975, interdit toute poursuite pour les délits politiques commis pendant la dictature par les opposants, mais aussi par “les fonctionnaires et agents de maintien de l’ordre public”.

Les victimes trouvent refuge en Argentine pour obtenir justice

Face aux obstacles rencontrés en Espagne, les associations de victimes ont cherché une autre voie pour obtenir justice. Elles se sont tournées vers l’Argentine, où la magistrate Maria Servini a invoqué le principe de justice universelle pour ouvrir une enquête en 2010. Cette enquête, qui est toujours en cours, porte sur les crimes de génocide et contre l’humanité commis pendant la guerre civile et la dictature. En 2014, vingt mandats d’arrêt internationaux ont été émis par Maria Servini contre des représentants du régime franquiste, notamment des ministres, des juges et des policiers. Cependant, Madrid a opposé une fin de non-recevoir à ces mandats d’arrêt, ce qui a alimenté le désespoir des victimes.