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Refus d'aide international suite au séisme au Maroc : Les raisons diplomatiques et logistiques dévoilées
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Refus d'aide international suite au séisme au Maroc : Les raisons diplomatiques et logistiques dévoilées

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Séisme au Maroc : un refus d’aide diplomatique et logistique

Le séisme tragique qui a secoué le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi a suscité de nombreuses offres d’aide provenant d’Etats et d’ONG du monde entier. Cependant, peu d’entre elles ont été acceptées. Selon Secouristes sans frontières, les raisons de ce refus sont principalement d’ordre diplomatique et logistique.

Les autorités marocaines ciblent les besoins sur place

Selon Dominique Angeloni, responsable de l’équipe de Secouristes sans frontières, les autorités marocaines ont demandé aux différentes organisations d’effectuer une évaluation précise de leurs capacités humaines et matérielles afin de cibler les besoins sur place. Les ONG doivent répondre à des questions spécifiques avant d’obtenir le feu vert des autorités marocaines.

Les secouristes marocains privilégiés pour les opérations de sauvetage

Arnaud Fraisse, fondateur et responsable de la communication de Secouristes sans frontières, a expliqué que son organisation avait finalement renoncé à proposer son aide. Selon lui, leur rôle est d’intervenir dans l’extrême urgence pour retrouver des survivants, ce qui semble peu probable après quatre jours de secours. Il estime que les secouristes marocains sont mieux équipés pour gérer cette phase de recherche de victimes. Néanmoins, il a souligné la tristesse de son équipe de ne pas pouvoir participer aux secours dès les premières heures, pendant lesquelles ils auraient pu sauver des vies.

Les raisons du refus d’aide restent floues. Arnaud Fraisse évoque la possibilité d’une brouille franco-marocaine, phénomène auquel les ONG sont souvent confrontées. Il souligne également que la procédure d’aide internationale varie d’un pays à l’autre, certains faisant appel à l’aide humanitaire internationale tandis que d’autres préfèrent passer par le canal diplomatique. Dans le cas du Maroc, c’est ce dernier choix qui a été privilégié, avec les autorités marocaines décidant de sélectionner les offres d’aide selon leurs propres critères.

Le ministère des affaires étrangères français contacté pour connaître leur position

Nous avons pris contact avec le ministère des affaires étrangères français pour les informer de l’événement et connaître leur position de principe sur la question.

Les autorités marocaines ont fait leur choix parmi les nombreuses équipes de secours proposées

Parmi la centaine d’équipes de secours qui ont proposé leur aide, les autorités marocaines ont fait leur choix. Malheureusement, notre équipe n’a pas été sélectionnée. C’est dommage, mais nous devons accepter cette décision.

Des précédents ont montré que l’acceptation ou le refus d’aide dépend de la situation diplomatique et des besoins locaux

Dans le passé, nous avons essuyé des refus d’aide après le séisme de 1988 en Arménie. Malgré les propositions des ONG, seules les aides des États ont été acceptées par Erevan. En revanche, lors du tremblement de terre de 1993 à Latur, en Inde, les autorités ont accepté notre aide mais pas celle de la Sécurité civile. Ces exemples démontrent que l’acceptation ou le refus d’aide dépend souvent de la situation diplomatique et de l’évaluation des besoins sur place.

Préoccupations concernant les villages non visités par les équipes de secours acceptées

On nous informe que certains villages n’ont pas encore reçu l’aide des équipes de secours. Malheureusement, je ne peux pas vérifier cette information. Il est probable que les équipes déjà acceptées couvrent les besoins. Même si ce tremblement de terre est tragique, il n’atteint pas l’ampleur de celui qui a causé plus de 50 000 morts en Turquie cet hiver.

Les autorités marocaines ont peut-être voulu éviter un engorgement des secours comme lors du séisme d’Al Hoceima en 2004

Il est possible que les autorités marocaines aient voulu éviter un engorgement des secours, similaire à celui qu’elles ont connu lors du séisme d’Al Hoceima en 2004. Si toutes les équipes qui se sont manifestées auprès de l’Organisation des Nations unies avaient été acceptées, il aurait fallu accueillir 3 000 à 3 500 personnes rapidement à l’aéroport de Marrakech. De plus, il aurait fallu acheminer ces secouristes dans les villages sinistrés, situés à trois heures de route, avec de nombreux camions. Cette logistique aurait été très complexe.

L’acceptation d’un peu plus d’aide de la part des pays européens aurait été envisageable peu après le séisme

Nous pensons que les autorités marocaines auraient pu accepter un peu plus d’aide de la part des pays européens, quelques heures après le séisme. Cela aurait pu être une solution pour répondre aux besoins sans engorger les secours.