Des groupes armés visent l'armée malienne : le nord du Mali en proie à une reprise des hostilités
4 minutesDes groupes armés se préparent à une reprise des hostilités dans le nord du Mali
Dans le nord du Mali, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a annoncé avoir abattu un avion de l’armée malienne à la suite d’un bombardement sur ses positions dans la région de Gao. Ces informations font craindre une reprise des hostilités entre les groupes armés signataires d’un important accord de paix dans la région et la junte au pouvoir à Bamako.
Un appel à la défense militaire et un couvre-feu nocturne
Le Cadre stratégique permanent (CSP), qui regroupe ces groupes armés, a déclaré dans un communiqué que ceux-ci se préparent à se défendre militairement contre la junte. Ils ont également lancé un appel aux civils afin qu’ils s’éloignent des installations et des lieux d’activités militaires. Par ailleurs, le gouvernorat de la région de Gao a instauré un couvre-feu nocturne de trente jours, de 20 heures à 6 heures, pour réduire les tensions dans la région.
Des tensions qui rappellent le passé
La région du nord du Mali est le théâtre de tensions grandissantes, avec de nombreux acteurs armés qui se disputent le contrôle du territoire. En plus de l’armée nationale, on retrouve des groupes à dominante touareg, des groupes djihadistes et des bandits. Ces tensions font craindre une réouverture du front entre l’armée malienne et les groupes à dominante touareg, qui avaient combattu l’Etat central à partir de 2012 avant de signer un accord de paix en 2015. Les groupes djihadistes, quant à eux, continuent leurs activités et se sont étendus dans d’autres pays de la région, tels que le Burkina Faso et le Niger.
La mise hors de combat d’un avion de l’armée malienne par les groupes armés dans le nord du Mali est un événement inédit ces dernières années. Le général Alou Boi Diarra, chef d’état-major de l’armée de l’air, a indiqué que l’appareil avait connu des problèmes techniques, obligeant l’équipage à s’éjecter avant que l’avion ne s’écrase. Heureusement, l’équipage a été récupéré sain et sauf.
Situation alarmante dans les régions de Gao et Tombouctou
Depuis quelques semaines, les régions de Gao et Tombouctou au Mali sont le théâtre d’une série d’attaques djihadistes et d’affrontements entre l’armée malienne et les groupes signataires de l’accord d’Alger. Jeudi dernier, une double attaque attribuée aux djihadistes a causé la mort de 64 civils et soldats, selon un bilan officiel du gouvernement. Cependant, différentes sources indiquent que le nombre de victimes est en réalité beaucoup plus élevé.
Désengagement de la Minusma et regain de violences
Cette période troublée coïncide avec le désengagement en cours de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l’ONU déployée au Mali depuis 2013. Poussée vers la sortie par la junte au pouvoir depuis 2020, la Minusma doit quitter le pays en 2023. Cette situation de retrait de la mission onusienne a favorisé l’escalade des tensions et des violences dans les régions de Gao et Tombouctou.
Accusations entre la junte et le Conseil de sécurité des peuples (CSP)
Dans ce contexte tendu, le Conseil de sécurité des peuples (CSP) accuse la junte au pouvoir de violations du cessez-le-feu de 2014 et de l’accord de paix de 2015. Le CSP estime que la junte cherche à rompre le cessez-le-feu et déclare désormais qu’il prendra toutes les mesures nécessaires pour se défendre contre les forces de la junte sur l’ensemble du territoire de l’Azawad, le nord du Mali revendiqué par les Touaregs. Le CSP accuse également la junte de se servir du retrait de la Minusma pour reprendre le contrôle de zones qui devraient théoriquement revenir aux groupes armés selon les accords de 2014 et 2015.
Objectif de restauration de la souveraineté et implication de la junte
La junte au pouvoir a fait de la restauration de la souveraineté un de ses principaux objectifs, ce qui entre en conflit avec les différents groupes armés qui contrôlent de vastes territoires. La remise du camp de Ber à l’armée malienne en août a été le déclencheur de combats entre les soldats et les djihadistes, mais aussi d’affrontements entre l’armée et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Selon le CSP, le transfert et la prise de contrôle de la localité de Ber par l’armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner ont été accompagnés de violations, de pillages, d’arrestations arbitraires et d’exécutions sommaires commises sur des civils.
Après le départ de la force française anti-djihadiste “Barkhane”, la junte au pouvoir à Bamako est largement soupçonnée d’avoir engagé les services de Wagner, malgré ses démentis. Cette situation alarmante dans les régions de Gao et Tombouctou nécessite une attention continue de la part de la communauté internationale afin de prévenir davantage de pertes humaines et de préserver la stabilité du Mali.