Lanceur d'alerte des Football Leaks condamné pour piratage et extorsion : les conséquences retentissantes sur le monde du football
4 minutesRui Pinto, le lanceur d’alerte des “Football Leaks”, condamné pour ses actions illégales
Le tribunal de Lisbonne a rendu son verdict lundi 11 septembre concernant Rui Pinto, le Portugais de 34 ans à l’origine des révélations des “Football Leaks” sur les dessous du foot-business. Près de 90 chefs d’accusation ont été retenus contre lui, dont notamment “piratage informatique”, “tentative d’extorsion”, “violation de correspondance” et “vol de données”.
Un lanceur d’alerte reconnu, mais coupable de pratiques illégales
Rui Pinto, à la fois prévenu et témoin protégé par la justice de son pays, se présente lui-même comme un lanceur d’alerte. Il a toutefois admis avoir commis des intrusions informatiques illégales dans le but d’obtenir des millions de documents. Ces derniers ont ensuite été publiés sur Internet à partir de fin 2015. Les informations divulguées ont été transmises à un consortium de médias d’investigation européens, qui ont mis en lumière des pratiques douteuses impliquant des joueurs, des clubs et des agents. Ces révélations ont entraîné des redressements fiscaux ainsi que des enquêtes judiciaires dans plusieurs pays.
Un impact majeur sur le monde du football
Depuis la publication des “Football Leaks”, de nombreux scandales ont secoué l’industrie du football. Des salaires de joueurs vedettes tels que Messi ou Neymar ont été révélés, une accusation de viol contre Cristiano Ronaldo a été classée sans suite, les stratégies de contournement du fair-play financier de Manchester City ont été exposées, et le fichage ethnique au Paris Saint-Germain a été dénoncé. Cette énorme fuite d’informations a profondément ébranlé le monde du football.
Lors de l’ouverture de son procès en septembre 2020, Rui Pinto a affirmé avoir été indigné par ce qu’il avait découvert et avoir décidé de le rendre public. Pour lui, les “Football Leaks” étaient un motif de fierté et non de honte.
Outre les 89 accusations de piratage informatique, le Portugais était également jugé pour tentative d’extorsion.
Un “hackeur” portugais condamné pour chantage à la divulgation de documents compromettants
Selon l’accusation, Rui Pinto, un “hackeur” portugais autodidacte, aurait tenté de faire chanter Nelio Lucas, le patron du fonds d’investissement Doyen Sports, en lui demandant entre 500 000 et un million d’euros pour arrêter la divulgation de documents compromettants. La plainte a été déposée par ce fonds d’investissement basé à Malte, contrôlé par une fratrie d’oligarques kazakho-turcs, et a conduit à l’enquête de la police portugaise.
De la détention provisoire à la coopération avec les autorités
Après son arrestation en janvier 2019 en Hongrie et son extradition au Portugal, Rui Pinto a passé plus d’un an en détention provisoire. Finalement, il a accepté de collaborer avec les autorités portugaises en leur fournissant des données cryptées qu’il possédait. Pendant son procès, il a admis avoir obtenu des informations confidentielles de manière “illégitime” avec l’aide d’un groupe d’amis qu’il a refusé d’identifier.
Le Portugais à l’origine des “Luanda Leaks”
Les autorités françaises ont également sollicité la collaboration de Rui Pinto, qui est également responsable des “Luanda Leaks”, une enquête publiée en janvier 2020 accusant Isabel dos Santos, une femme d’affaires angolaise, d’avoir amassé une immense fortune de manière frauduleuse.
Un jugement qui ne met pas fin aux poursuites
La décision rendue lundi ne marque pas la fin des ennuis judiciaires de Rui Pinto avec la justice portugaise. En effet, le parquet a récemment établi un nouvel acte d’accusation à son encontre, lui attribuant 377 nouveaux crimes informatiques qu’il aurait commis entre 2016 et 2019, à l’encontre d’environ 70 personnes, entreprises ou institutions. Malgré les espoirs de ses avocats, la loi portugaise ne reconnaît pas Rui Pinto en tant que lanceur d’alerte, mais ils espéraient que les juges tiendraient compte de l’intérêt public de ses révélations lors du prononcé de la sentence. De plus, Rui Pinto avait également escompté une éventuelle amnistie accordée par le gouvernement portugais à l’occasion de la visite du pape François aux Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne, en août dernier.