Tensions entre la France et le Niger : Accusations de préparation d'intervention militaire ravivent le bras de fer
4 minutesLa junte nigérienne accuse la France de préparer une intervention militaire
Le régime militaire issu du coup d’État au Niger a vivement critiqué la France, l’accusant de préparer une intervention militaire dans le pays. Selon le régime, Paris déploierait ses forces dans plusieurs pays de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) en vue d’une “agression” contre le Niger.
Des déploiements militaires qui inquiètent la junte au pouvoir
Le régime nigérien a constaté divers mouvements de troupes français depuis le 1er septembre. Il affirme que deux aéronefs de transport militaire et un avion Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire, ainsi que deux hélicoptères multirôles et une quarantaine de véhicules blindés à Kandi et Malanville au Bénin. De plus, un navire militaire français a accosté à Cotonou avec du personnel et des moyens militaires à bord. Des rotations d’avions militaires cargo ont également été signalées au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin, permettant le débarquement d’un important matériel et d’équipement de guerre.
Les généraux au pouvoir considèrent ces déploiements comme des préparatifs en vue d’une intervention militaire contre le Niger.
La France soutient une éventuelle intervention militaire de la Cedeao au Niger
Depuis le coup d’État du 26 juillet, la Cedeao a menacé d’intervenir militairement au Niger afin de rétablir l’ordre constitutionnel et de libérer le président renversé, Mohamed Bazoum. La France, qui compte environ 1 500 soldats dans ce pays sahélien dans le cadre de la lutte antidjihadiste, soutient cette décision. Cependant, les généraux nigériens au pouvoir souhaitent le départ des soldats français et ont dénoncé plusieurs accords de coopération militaire avec l’ancienne puissance coloniale. Selon eux, l’un de ces accords contenait un préavis d’un mois.
Le régime a déclaré que les forces françaises présentes au Niger étaient désormais illégales et a mentionné une réunion entre le chef d’état-major des armées nigériennes et le commandant des forces françaises au Sahel à Zinder le 1er septembre. Le régime affirme avoir été informé d’une annonce de retrait des forces françaises, mais cette information n’a pas été confirmée officiellement par les autorités françaises.
Tensions entre la France et le Niger
Mardi, des « échanges » entre les armées nigérienne et française ont été confirmés par les autorités parisiennes, dans le but de « faciliter les mouvements de moyens militaires français ». Ces déclarations font suite aux propos tenus la veille par Ali Mahaman Lamine Zeine, premier ministre du Niger nommé par le régime. Le ministère français des armées a souligné que la question du maintien de certaines forces françaises était en cours de discussion.
Protestations populaires et repositionnement américain
Depuis plus d’une semaine, des milliers de personnes se rassemblent quotidiennement à Niamey, la capitale nigérienne, aux abords d’une base militaire où des soldats français sont présents, pour réclamer leur départ. De leur côté, les États-Unis ont entrepris de repositionner leurs troupes, en transférant des soldats de la base 101 de Niamey vers la base 201 d’Agadez, au centre du pays.
Conflit entre la France et le Niger
Un bras de fer oppose actuellement la France et le Niger. Ce dernier a retiré l’immunité diplomatique et le visa de l’ambassadeur français Sylvain Itté, exigeant son expulsion. Paris, qui ne reconnaît pas le régime militaire en place, a maintenu sa position en justifiant le maintien de l’ambassadeur Itté. Le Niger a déclaré que la France refusait de rappeler son ambassadeur, malgré le fait qu’il ait été déclaré persona non grata par les autorités et la justice nigérienne.
Le gouvernement nigérien, quant à lui, souhaite maintenir une coopération avec la France, pays avec lequel il a partagé de nombreux liens par le passé. Il exprime également l’espoir de trouver une entente avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), après l’annonce d’une transition de trois ans maximum par le général Abdourahamane Tiani, chef du régime. Cependant, la Cedeao ne souhaite pas reproduire les expériences du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, où des périodes de transition ont été négociées.