Le bras de fer entre l'Egypte et l'Ethiopie s'intensifie suite au remplissage illégal du mégabarrage sur le Nil
4 minutesL’Ethiopie relance les tensions avec l’Egypte en remplissant son mégabarrage sur le Nil
L’Ethiopie a annoncé dimanche 10 septembre avoir terminé le remplissage du « grand barrage de la renaissance » qu’elle a construit sur le Nil, ravivant les tensions avec l’Egypte, qui a condamné une opération « unilatérale » et « illégale ». Le Soudan, autre pays situé en aval de ce mégabarrage présenté comme le plus grand d’Afrique, n’avait pas réagi dimanche soir.
L’Egypte demande à l’Ethiopie d’attendre un accord tripartite pour exploiter le barrage
Ces dernières années, Khartoum et Le Caire, qui voient le barrage comme une menace pour leur approvisionnement en eau, ont à plusieurs reprises demandé à l’Ethiopie de cesser le remplissage du réservoir du « grand barrage de la renaissance » (GERD) en attendant un accord tripartite sur ses modalités de fonctionnement.
L’Egypte dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau et s’inquiète grandement du barrage
Le Caire s’inquiète grandement du barrage car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau. L’Ethiopie, quant à elle, considère cette infrastructure comme vitale pour son développement économique. Les tensions entre les deux pays sont exacerbées par le manque de clarté sur les modalités de remplissage et d’exploitation du barrage.
En annonçant cette opération unilatérale, l’Ethiopie a relancé les tensions avec l’Egypte, qui demande à Addis-Abeba d’attendre un accord tripartite avec le Soudan pour exploiter cette infrastructure. Le bras de fer entre les deux pays continue et laisse présager une escalade dans les prochains mois.
L’impact illégal du barrage de la Renaissance sur les négociations entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie
L’Égypte a exprimé son inquiétude quant à la récente initiative de l’Éthiopie de remplir le réservoir du “barrage de la renaissance” sans l’accord des pays en aval, à savoir l’Égypte et le Soudan. Selon les autorités égyptiennes, cette action violerait les accords en vigueur et pourrait avoir de graves conséquences sur les négociations en cours entre les trois pays.
En effet, l’Égypte dépend à 97% du Nil pour ses besoins en eau, ce qui rend cette infrastructure de la plus haute importance pour le pays. Par conséquent, toute action qui pourrait altérer le débit du fleuve représente une menace sérieuse pour l’approvisionnement en eau de l’Égypte.
L’ambition éthiopienne de doubler sa production d’électricité
Le mégabarrage hydroélectrique de la renaissance, d’une longueur de 1,8 kilomètre et d’une hauteur de 145 mètres, vise à augmenter considérablement la production d’électricité de l’Éthiopie. Avec une capacité de génération de plus de 5 000 mégawatts, ce projet permettrait à l’Éthiopie de répondre à la demande croissante en électricité dans le pays, dont seulement la moitié de la population y a accès actuellement.
Étant donné son importance capitale, le GERD (Grand Ethiopian Renaissance Dam) a été au cœur d’un conflit régional depuis sa construction en 2011. Les négociations entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan ont repris récemment au Caire dans le but de parvenir à un accord qui tiendrait compte des intérêts et des préoccupations des trois pays, selon le ministère égyptien de l’eau et de l’irrigation.
Des négociations délicates et une situation complexe pour les pays concernés
Les dirigeants égyptien et éthiopien, Abdel Fattah Al-Sissi et Abiy Ahmed, se sont accordés quatre mois pour trouver un terrain d’entente concernant le remplissage et l’exploitation du barrage lors d’une rencontre en marge d’un sommet africain sur la guerre au Soudan. Cependant, la situation au Soudan est devenue plus compliquée depuis mi-avril, avec un conflit meurtrier qui ravage le pays.
Le Soudan a adopté une position fluctuante ces dernières années. Après avoir formé un front commun avec l’Égypte en 2022, le dirigeant soudanais, le général Abdel Fattah Al-Burhane, avait déclaré être “d’accord sur tous les points” avec Abiy Ahmed en janvier dernier concernant le GERD. Cependant, la situation actuelle au Soudan menace de compromettre davantage les négociations en cours.
Malgré les assurances de l’Éthiopie selon lesquelles le barrage n’entraverait pas le débit du fleuve, la réalité de la situation reste complexe et les négociations demeurent délicates. L’issue de cette situation reste incertaine, tandis que les pays concernés continuent de chercher un compromis qui préserve leurs intérêts respectifs.