Début du procès des opposants aux mégabassines à Niort : une manifestation de soutien prévue malgré les restrictions
4 minutesDébut du procès de neuf opposants aux mégabassines à Niort, une manifestation de soutien prévue
Ce vendredi 8 septembre à Niort, le procès de responsables syndicaux et de militants écologistes accusés d’avoir organisé des rassemblements illégaux contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) met en lumière le droit de manifester. Neuf personnes sont poursuivies pour leur participation à la manifestation du 25 mars qui avait dégénéré en violents affrontements avec les forces de l’ordre, laissant plusieurs manifestants gravement blessés. Dans un rapport publié en juillet, la Ligue des droits de l’homme a critiqué l’usage disproportionné des armes par les forces de l’ordre lors de ces affrontements.
Des personnalités politiques et syndicales viennent soutenir les prévenus
Parmi les prévenus figurent Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Benoît Jaunet et Nicolas Girod, représentants de la Confédération paysanne, ainsi que Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci. Trois d’entre eux sont également poursuivis pour leur participation à la manifestation du 29 octobre 2022, tout comme David Bodin (CGT) et Hervé Auguin (Solidaires), deux syndicalistes. Tous risquent une peine de six mois de prison et une amende de 7 500 euros. Les prévenus dénoncent un procès à caractère politique, ayant pour but de faire taire l’opposition aux bassines. Leurs avocats soulignent quant à eux que cette procédure porte atteinte au droit de manifester. Ils dénoncent une tentative de décourager les mouvements sociaux et considèrent cette procédure comme une entrave à la liberté d’expression et syndicale.
Les avocats dénoncent une criminalisation de l’action politique et syndicale
Les avocats de la Confédération paysanne, Chirine Heydari-Malayeri, Inès Giacometti et Balthazar Lévy, expriment leur préoccupation face à la criminalisation de l’action politique et syndicale. Ils soulignent l’importance de préserver l’eau en tant que bien commun essentiel et s’indignent de l’éventuelle inégalité dans l’accès à cette ressource. Ces avocats rejettent fermement l’idée que les actions des prévenus revêtent un caractère criminel et estiment que cette situation est d’autant moins tolérable que le syndicat agricole a pour mission d’alerter sur ces enjeux. En somme, le procès qui débute aujourd’hui à Niort suscite de nombreuses interrogations quant au droit de manifester et à la liberté d’expression et syndicale en France.
Des retenues d’eau pour l’irrigation des cultures
Des retenues d’eau creusées dans le sol sont utilisées pour stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver. Cette réserve permet ensuite d’irriguer les cultures en été, période où les précipitations se font rares. Les partisans de ces retenues considèrent qu’elles sont indispensables pour assurer la survie des agriculteurs irrigants, même s’ils représentent une minorité dans leur profession. En revanche, les opposants y voient un “accaparement” de l’eau par l’agro-industrie.
Un procès controversé
La forme du procès suscite des interrogations, notamment sur le choix de poursuivre des personnes physiques plutôt que les organisations qu’elles représentent. L’avocate Me Alice Becker soulève également des inquiétudes quant à “une volonté d’intimider des individus et de faire peur”. De plus, deux autres prévenus comparaissent pour des faits de violences, de vol et de dégradations liés aux manifestations. Certains accusés sont également poursuivis pour avoir refusé de se soumettre à un relevé d’empreintes génétiques.
Le débat sur le droit de manifester
Un débat sur le droit de manifester a été ouvert devant le tribunal administratif de Poitiers, à la suite d’arrêtés pris par la préfecture des Deux-Sèvres pour encadrer une importante manifestation de soutien aux prévenus prévue à Niort. Plusieurs syndicats ont attaqué ces arrêtés en affirmant qu’ils étaient “liberticides”. Malgré le dépôt d’un référé-liberté, le tribunal administratif a validé le dispositif de sécurité préfectoral afin de garantir la sérénité de l’audience judiciaire et prévenir tout risque de troubles à l’ordre public. La préfecture a ainsi interdit tout “attroupement” aux abords du tribunal et sur la voie publique, tout en autorisant l’utilisation de drones par la police pour surveiller le rassemblement. Parmi les personnes attendues lors de la manifestation de soutien se trouvent la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, ainsi qu’une délégation de députés LFI dirigée par leur cheffe de file, Mathilde Panot.