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Sommet africain sur le climat : une déclaration finale controversée divise les ministres de l'environnement

Sommet africain sur le climat : une déclaration finale controversée divise les ministres de l'environnement

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Sommet africain sur le climat : un projet de déclaration finale critiqué

Le projet de déclaration finale du premier Sommet africain sur le climat, proposé par le Kenya, ne semble satisfaire personne. Lors d’une réunion des ministres de l’environnement lundi soir, le texte a été vivement critiqué.

Des désaccords et des réclamations

Alors que ce sommet était censé mettre en avant l’unité du continent africain dans la lutte contre le dérèglement climatique, la réunion des ministres de l’environnement a été ponctuée de désaccords et de réclamations. Plusieurs pays ont exprimé leur mécontentement. Les Comores, qui assurent la présidence tournante de l’Union africaine, ont regretté que le rôle des océans et de l’économie bleue ne figure pas dans le texte. Le Botswana a déploré le manque de clarté concernant la question de l’adaptation au changement climatique, qui est pourtant cruciale pour la survie de millions d’Africains. L’Egypte a, quant à elle, demandé l’inscription de l’objectif de doublement des financements internationaux pour l’adaptation. Enfin, la ministre de l’environnement de l’Afrique du Sud, Barbara Creecy, a annoncé que son pays ne soutiendrait pas l’appel en faveur d’un nouveau régime fiscal mondial pour financer l’action climatique à grande échelle. Le Nigeria a également émis des réserves sur ce point.

Des formulations vagues et des omissions dénoncées

Cependant, la ministre de l’environnement de la République du Congo, Arlette Soudan-Nonault, a été la plus critique envers le texte. Elle a dénoncé les formulations vagues qui ne définissent pas de manière concrète la contribution et les attentes du continent africain envers les pays pollueurs. Elle a notamment souligné l’absence de mention des services écosystémiques rendus par les forêts du Bassin du Congo. Elle a regretté que ce texte, qui engage le continent pour la prochaine conférence des parties de la convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) et au-delà, présente la situation de manière choquante pour les Africains.

Pas de consensus lors des négociations sur le climat en Zambie

La Zambie, en tant que présidente du groupe des négociateurs africains lors de la COP, a annoncé qu’aucun consensus n’a été trouvé lors des discussions. Cette situation est familière pour les participants de ces conférences.

Manque de transparence et mécontentement des gouvernements africains

L’élaboration de la déclaration s’est faite dans un manque de transparence, ce qui a suscité de nombreuses spéculations. Les propositions des gouvernements ont été soumises au secrétariat de l’Union africaine, mais les échanges ont été interrompus. Les ministres ont découvert tardivement une version finale du texte qui ne correspondait pas à leurs attentes et ne reflétait pas les positions précédemment arrêtées.

Certains s’interrogent sur le rôle joué par le cabinet McKinsey, qui a été sollicité par le président William Ruto pour l’organisation du sommet. Des organisations de la société civile ont également critiqué l’influence du cabinet de conseil et l’ont accusé de favoriser les intérêts occidentaux au détriment de l’Afrique.

Les critiques de la société civile envers le récit de la croissance verte

Plusieurs centaines d’organisations de la société civile ont manifesté à Nairobi pour exprimer leurs inquiétudes quant au récit de la croissance verte promu par le président kényan. Elles estiment que cette approche ne donne pas suffisamment d’importance à l’accès à l’électricité pour 600 millions de personnes en Afrique et à l’adaptation des populations vulnérables face aux changements climatiques.

Ces organisations mettent en garde contre les fausses solutions et affirment que les marchés du carbone promus lors du sommet ne serviront pas la justice climatique. Augustine Njamnshi, de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (Pacja), souligne que le continent africain est déjà ravagé par le dérèglement climatique.

Il ne reste plus que vingt-quatre heures au Kenya pour démontrer que l’Afrique peut parler d’une seule voix lors de ces négociations sur le climat.