La plus grande ferme d'élevage de rhinocéros au monde rachetée par une ONG pour lutter contre le braconnage en Afrique du Sud
4 minutesLe rachat de l’élevage de rhinocéros le plus important au monde par une ONG en Afrique du Sud
Une victoire pour African Parks et la préservation de l’espèce
L’élevage de rhinocéros le plus grand au monde, créé par le millionnaire John Hume en Afrique du Sud dans le but de lutter contre le braconnage de cette espèce en voie de disparition, a finalement trouvé un repreneur. L’ONG African Parks, liée au prince Harry et avec à son actif la gestion de vingt parcs protégés sur le continent, a annoncé lundi 4 septembre être le nouveau propriétaire de cette propriété de 7 800 hectares située à moins de 200 km au sud-ouest de Johannesburg, ainsi que des 2 000 rhinocéros blancs qu’elle abrite. Ces animaux représentent 15% de la population mondiale de l’espèce.
Une entreprise trop coûteuse pour le fondateur
John Hume, âgé de 81 ans et richissime homme d’affaires, avait créé cet élevage en 2009. Cependant, le coût exorbitant de son projet était devenu insoutenable pour lui. En avril dernier, il avait mis sa propriété aux enchères à la recherche d’un autre millionnaire intéressé pour prendre la relève. “L’élevage de rhinocéros est un loisir coûteux”, avait-il confié à l’AFP avant la mise en vente, ajoutant qu’il était “à court d’argent”. Au total, M. Hume avait dépensé 150 millions de dollars pour la préservation de ces animaux.
Une offre salvatrice pour éviter le braconnage
African Parks a racheté Platinum Rhino, le plus important élevage de rhinocéros en captivité au monde, pour éviter que ces animaux ne deviennent une cible facile pour les braconniers. “Aucune offre n’a été reçue, mettant ces rhinocéros en grand danger de braconnage”, a souligné l’ONG. Le PDG de l’organisation, Peter Fearnhead, a déclaré dans le communiqué qu’il avait obéi à une “obligation morale de trouver une solution pour ces animaux sauvages en déclin”, même s’il n’avait pas initialement prévu de devenir propriétaire d’une entreprise d’élevage de rhinocéros en captivité. L’ONG a bénéficié du soutien du gouvernement sud-africain et d’organismes de conservation, ainsi que d’une aide financière pour le rachat. Le montant déboursé n’a toutefois pas été précisé.
L’Afrique du Sud, haut lieu du braconnage des rhinocéros blancs
L’Afrique du Sud accueille actuellement près de 80 % de la population mondiale de rhinocéros blancs, dont le nombre est estimé à moins de 13 000 individus. Malheureusement, le pays est également devenu un haut lieu du braconnage, stimulé par la demande venant d’Asie, où les cornes en kératine sont utilisées en médecine traditionnelle pour des effets soi-disant thérapeutiques ou aphrodisiaques.
En 2022, le gouvernement sud-africain a déclaré que 448 rhinocéros avaient été tués malgré les mesures de lutte renforcées dans les parcs nationaux. Le commerce des cornes de rhinocéros est une activité lucrative, avec un prix au kilo sur le marché noir rivalisant avec celui de l’or, atteignant jusqu’à 60 000 dollars. Les braconniers ont adapté leur stratégie ces derniers temps, en s’attaquant désormais aux parcs privés qui sont plus vulnérables.
Une initiative pour la préservation des rhinocéros
La ministre sud-africaine des forêts, de la pêche et de l’environnement, Barbara Creecy, a salué un accord important dans un communiqué. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a également applaudi cette initiative, la qualifiant de “bouée de sauvetage lancée à une espèce quasi menacée”.
Une organisation non gouvernementale appelée African Parks prévoit de réintroduire les rhinocéros élevés en captivité dans la nature au cours des dix prochaines années. Cela implique leur transfert vers des aires protégées en Afrique. Selon l’ONG, il s’agit de l’un des plus grands projets de réensauvagement d’espèces sur le continent. L’objectif est de réduire les risques pour l’espèce à l’avenir et de mettre progressivement fin au projet d’élevage.
Les efforts pour lutter contre le massacre des rhinocéros
Une des stratégies utilisées pour contrer le massacre des rhinocéros est de couper préventivement les cornes convoitées. Ces cornes peuvent ensuite repousser. En Afrique du Sud, le commerce des cornes de rhinocéros à l’intérieur du pays est autorisé, bien que cela soit controversé. Cependant, l’exportation de ces cornes est illégale.
En 2017, John Hume, un éleveur de rhinocéros, avait organisé une vente en ligne de cornes dans le but de collecter des fonds pour financer la conservation. Cette initiative avait provoqué l’indignation des défenseurs de l’environnement.