La Cour africaine des droits de l’homme intervient pour sauver les détenus politiques en Tunisie
3 minutesLa Cour africaine des droits de l’homme interpelle les autorités tunisiennes sur le sort de détenus politiques
La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a rendu une décision favorable à la cause de quatre opposants tunisiens détenus depuis plusieurs mois. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la répression politique en Tunisie initiée par le président Kaïs Saïed.
L’ordonnance de la Cour africaine : l’élimination des barrières et la fourniture d’informations adéquates
La CADHP, basée à Arusha en Tanzanie, a ordonné aux autorités tunisiennes de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre aux détenus et à leurs familles d’avoir accès à leurs avocats et médecins de choix. Elle demande également aux autorités de fournir des informations précises sur les raisons de leur détention. La Cour estime que les détenus sont en danger et accorde une période de quinze jours pour la mise en place de ces mesures.
La saisie de la juridiction africaine et les attentes des proches des détenus
Les proches des détenus avaient déposé une plainte en mai auprès de la CADHP afin d’obtenir une décision sur leur détention. Certains d’entre eux s’étaient rendus à Arusha pour plaider en faveur des prisonniers politiques et demander la libération de ces derniers. Les familles des détenus recherchent un soutien auprès des institutions continentales et internationales pour faire face à la répression politique en Tunisie.
Noureddine Boutar et d’autres détenus toujours en prison en Tunisie
En mars, le Parlement européen avait demandé aux autorités tunisiennes la libération de Noureddine Boutar, directeur de la radio Mosaïque FM, et de « toutes les autres personnes détenues arbitrairement, y compris les journalistes, les juges, les avocats, les militants politiques et les syndicalistes ».
Des militants et des journalistes toujours derrière les barreaux
Si, parmi la vingtaine de militants et de journalistes emprisonnés depuis février, certains ont été libérés, la plupart demeurent en prison, tels Khayam Turki, Jawhar Ben Mbarek ou Issam Chebbi.
Ghannouchi, ancien président de l’ARP, condamné à un an de prison
Mohamed Ghannouchi, 82 ans, ancien président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a été arrêté le 17 avril puis condamné le 15 mai à un an de prison pour « apologie du terrorisme ». Il fait aussi l’objet de poursuites pour « complot contre la sûreté de l’État », pour lesquelles il encourt la peine capitale. Ces accusations sont « infondées et relèvent de la persécution politique », estimait Soumaya Ghannouchi, une autre fille du leader emprisonné, dans une tribune au Monde en juin.
Au lendemain de son arrestation, les bureaux d’Ennahda, principale force d’opposition, avaient été fermés en vertu de l’état d’urgence en vigueur dans le pays, et ses réunions interdites. Auparavant, Saïd Ferjani, Noureddine Bhiri et d’autres dirigeants de la formation politique avaient aussi été arrêtés sur la base d’accusations similaires à celles visant Mohamed Ghannouchi. Depuis plus de deux ans, Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs et a démantelé une partie des institutions politiques héritées de la révolution de 2011 à travers l’adoption d’une nouvelle Constitution hyperprésidentialiste.